Au bureau exécutif du Rassemblement national (RN), mardi 10 septembre, s’est invité un nom bien connu de l’extrême droite française, celui d’un ancien de la maison : Philippe Vardon. Et ce qui s’y est dit n’augurait pas d’une réconciliation entre l’ex-pilier de la mouvance identitaire française et le parti de Marine Le Pen, qui ne souhaite plus voir Philippe Vardon ni de près ni de loin.
Ce dernier a quitté le parti Reconquête ! d’Eric Zemmour au lendemain des élections européennes, dans les bagages de Marion Maréchal, dont il avait dirigé la campagne (5,5 % des voix). Il s’imaginait découvrir pour la première fois les couloirs du Palais-Bourbon à 44 ans, dans la peau de l’attaché parlementaire des trois députés proches de Marion Maréchal, élus avec le soutien du RN lors des législatives de juillet. Selon nos informations, il n’en sera rien.
Marine Le Pen n’a pas du tout apprécié de découvrir que les députés Eddy Casterman, Anne Sicard et Thibaut Monnier avaient choisi le Niçois pour les accompagner. Dès son retour de congés, fin août, la triple candidate à la présidentielle aurait directement fait part de sa colère au troisième, ancien secrétaire fédéral et conseiller régional au Front national (ancien nom du RN), furibonde d’avoir appris ce recrutement par la presse.
Rôle central lors de la campagne présidentielle de 2017
Si la demande de Marine Le Pen n’était pas suffisamment claire, le bureau exécutif de son parti a confirmé le dilemme imposé aux trois « apparentés RN » : quitter le groupe, ou lâcher Philippe Vardon avant le début de la session parlementaire, prévu le mardi 1er octobre. Contacté par Le Monde, Philippe Vardon assure qu’il était convenu que son contrat prenne fin à cette échéance – à rebours des pratiques parlementaires. « Il était prévu depuis le début que je fasse l’installation des équipes, sur les premiers mois », mais pas au-delà, explique le conseiller municipal d’opposition à Nice, actant son départ du Palais-Bourbon « d’ici [à] deux semaines ». Ensuite, il compte « basculer sur la structuration de l’initiative politique autour de Marion [Maréchal] », mais non « basculer » au Parlement européen, comme collaborateur de la petite-fille de Jean-Marie Le Pen, élue à Bruxelles en juin dernier.
Pour le remplacer à l’Assemblée nationale, les trois députés « apparentés » ne pourront pas embaucher l’influenceur Damien Rieu, autre proche de Marion Maréchal frappé du même interdit par le RN. Le cofondateur du groupuscule dissous Génération identitaire avait été assistant parlementaire de l’eurodéputé (RN) Philippe Olivier et candidat aux élections départementales de 2021 sous les couleurs lepénistes, avant de rejoindre Reconquête !. Philippe Vardon, de son côté, avait tenu un rôle central lors de la campagne présidentielle de Marine Le Pen en 2017, et avait porté les couleurs du RN lors des municipales de 2020 et des régionales de 2021, tout en siégeant au bureau national du parti d’extrême droite. Son étoile avait pâli après la défaite de Thierry Mariani aux élections régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur, dont il était directeur de campagne. Jusqu’à son départ du RN pour Reconquête !, en 2022.
Il vous reste 38.45% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.