A gauche, on s’inquiète du gros torticolis contracté par le Parti socialiste (PS) qui a fait oui et non de la tête en même temps, ce qui peut s’avérer périlleux et douloureux. Il a dit oui, mardi 17 septembre, à La France insoumise (LFI) qui avait besoin de ses voix, au bureau de l’Assemblée nationale, pour que la spectaculaire motion de destitution du président de la République, pourtant initiée par LFI sans concertation avec ses partenaires, puisse être déclarée recevable. Même si le PS a pris soin, dans le même élan, d’annoncer qu’il dirait non lors de son éventuel examen parlementaire, le oui initial ravive l’impression tenace d’une soumission récurrente du PS à LFI, au sein du Nouveau Front populaire (NFP).
Presque un an après l’éclatement de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), l’équation semble avoir peu changé à gauche. LFI continue de donner le tempo de la coalition, au grand dam du PS. « La politique, c’est comme le vélo, pour avancer faut pédaler sinon, tu tombes. Nous sommes dans une situation instable, il y a donc une guerre de mouvement et nous, on a un mouvement fait pour ça », justifie le coordinateur de LFI, Manuel Bompard. Samedi 21 septembre, LFI sera en première ligne d’une nouvelle mobilisation pour la destitution d’Emmanuel Macron, contre le gouvernement Barnier qui va rassembler « tous les battus des dernières élections, selon Manuel Bompard. La plus grande arnaque de la Ve République ».
A l’Assemblée nationale, le débat autour du vote du bureau sur la résolution « insoumise » était pourtant légitime. « Ce qui nous a motivés, c’est que l’examen de la recevabilité n’est pas un contrôle politique d’opportunité, mais de légalité, justifie Laurent Baumel, député socialiste d’Indre-et-Loire, proche d’Olivier Faure. De la même façon, on a reconnu la recevabilité de la proposition d’abrogation des retraites déposée par le Rassemblement national (RN). Cela signifie-t-il que nous sommes inféodés au RN ? »
« Que comprennent les citoyens ? »
Mais, à l’heure où un soupçon d’hégémonie de LFI plane au-dessus de la coalition, François Hollande, réélu député de Corrèze, estime qu’il fallait éviter le « juridisme » pour privilégier la « politique ». « Que comprennent les citoyens ? S’interroge-t-il. Il fallait voter contre la recevabilité de cette procédure de destitution en considérant qu’elle était vouée à l’échec. A partir du moment où Jean-Luc Mélenchon a demandé à ce que les socialistes le fassent alors qu’ils avaient, dès le départ, dénoncé cette opération, il ne fallait pas céder. Et donner ainsi la main à LFI qui tente de mobiliser vainement la rue sur la destitution. »
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