En prenant ses quartiers à Matignon, le 5 septembre, Michel Barnier a fait passer quelques messages personnels. Et le lendemain de sa nomination, un autre Barnier s’est chargé de les répéter presque mot pour mot. Dans un entretien « exclusif » à Paris Match, le fils Nicolas Barnier, 39 ans, est venu dépoussiérer l’image un peu « coincée » du père, 73 ans, citant son film culte, Les Bronzés font du ski, décrivant « l’attention particulière » qu’il porte à son entourage, ressuscitant la figure d’une grand-mère, Denise, « chrétienne de gauche » ennemie du « sectarisme ». Et a ajouté cette phrase : « Il a toujours tenu son rôle de père ». Davantage qu’on ne le pense ?
Ancien étudiant en droit à Assas, aujourd’hui directeur de l’Agence de la ruralité d’Ile-de-France, Nicolas Barnier n’est pas totalement étranger au groupe de presse où il s’est exprimé. Avant de rejoindre les équipes de Valérie Pécresse, où il aide depuis 2022 des communes rurales de la région à monter des projets, il a travaillé pour le groupe de Vincent Bolloré, capitaine d’industrie alors proche de la droite conservatrice. De 2011 à 2017, avant le cuisant échec des Autolib, le jeune Barnier était le « VRP » chargé de trouver de nouveaux clients pour la filiale de batteries électriques Blue Solutions. C’est alors qu’il a tenté de se lancer en politique, comme son père.
« Lui, c’est lui, et moi, c’est moi, a lâché en mars 2019 Nicolas Barnier au Soir de Bruxelles, reprenant la formule fameuse de Laurent Fabius. Chacun a son parcours et le gère de façon indépendante et du mieux possible. » C’est à vrai dire un peu plus compliqué. Interrogé par Le Monde sur sa trajectoire politique, Nicolas Barnier nous renvoie d’ailleurs vers… le spin doctor de Matignon, Antoine Lévêque, nouveau conseiller stratégie et presse du premier ministre. Barnier père s’est souvent mêlé de la carrière du fils, à tel point que les relations entre le nouveau chef du gouvernement et certains pontes macronistes ont pu se lire ces derniers jours à l’aune de ce que chacun a pu faire, ou pas, pour « Nicolas ».
Certains le devinent rancunier
L’aventure politique du jeune homme commence en 2009 au parti Les Républicains (LR), lorsqu’il devient le collaborateur du sénateur LR du Haut-Rhin Hubert Haenel, puis chargé de mission de Jean Bizet, sénateur LR de la Manche. En 2017, après sa parenthèse dans le privé au sein du groupe Bolloré, Nicolas Barnier observe la vague macroniste qui s’annonce et jette son dévolu sur un « ami entrepreneur », Grégory Besson-Moreau, futur compagnon d’Aurore Bergé. A l’entendre, c’est lui qui le convainc de se faire élire député de l’Aube face au député LR sortant, le souverainiste Nicolas Dhuicq. « Une aventure incroyable », selon Nicolas Barnier, qui au terme d’une campagne serrée devient trois ans durant le collaborateur parlementaire de l’élu macroniste à l’Assemblée nationale.
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