Des tomates entre 7 et 10 euros le kilo, des corossols à 6 euros le kilo, des avocats à 2 euros la pièce en pleine saison… A la Guadeloupe, même la production locale est chère. « C’est lié au coût de la vie chez nous. Les engrais, les intrants sont très chers. Et on subit de plein fouet le changement climatique, on perd des récoltes », explique Irma Jean-Louis, vendeuse de fruits et légumes sur le marché de Gourdeliane à Baie Mahaut, l’un des plus gros marchés de l’archipel. Sur son étal coloré sont disposés concombres, fruits du dragon, betteraves, navets, goyaves, laitues, gombos et même quelques épis de maïs. « Tout ne vient pas de l’exploitation », raconte-t-elle, montrant des oranges, qui sont importées.
Dans l’alimentaire, la Guadeloupe importe presque tout. Et cela ne va pas en s’arrangeant, en dépit des objectifs fixés par le gouvernement. Le monde agricole vieillit, le nombre d’exploitations diminue. En 2020, le département élevait entre 2 % et 5 % de bovins en moins par rapport à 2010. Idem pour les porcs, ovins et volailles. Il cultivait moins aussi : sur la même période, 913 exploitations de grandes cultures (canne à sucre, banane) et 490 en polyculture ont disparu, selon les chiffres de la statistique agricole locale. Ce sont surtout les petites exploitations, les plus nombreuses, qui disparaissent. Or, ce sont les plus consacrées à la diversification. « La production agricole destinée à l’approvisionnement des marchés locaux enregistre une baisse d’environ 3 000 à 4 000 tonnes par an, sur la période 2009-2018 », précisait l’Office de développement de l’économie agricole d’outre-mer, en 2019.
Faire de la souveraineté alimentaire un traitement anti-vie chère demeure une gageure, et ce, malgré l’octroi de mer, cette taxe sur les produits importés qui vise à protéger la production locale. « L’agriculture de Guadeloupe est essentiellement orientée vers la production de cultures d’exportation (banane dessert, canne à sucre, melon, ananas, fleurs coupées) », énonçait l’Institut national de la recherche agronomique dans une étude, publiée début 2022, sur l’autosuffisance alimentaire dans les outre-mer à l’horizon 2030.
Nouvelle génération
L’organisme de recherche dispose d’une microferme expérimentale pour étudier les conditions d’accès à la souveraineté alimentaire : un modèle de petite exploitation (2 hectares maximum), très diversifiée à la mode du jardin créole, cultivée en permaculture, qui permet selon les chercheurs d’assurer la production, la rentabilité pour l’agriculteur et le pouvoir d’achat du consommateur. Mais aussi une vraie résilience face aux gros événements climatiques qui, parfois, abattent la production locale.
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