De lourds nuages recouvrent le ciel, masquant les rayons du soleil naissant. Les puissants martèlements venant de l’ouest pourraient passer pour un orage lointain n’étaient les rafales de mitrailleuse des hélicoptères d’attaque survolant Gaza, à moins de 3 kilomètres du kibboutz de Kfar Aza. Celui-ci était en première ligne lors de l’attaque menée par le Hamas, le 7 octobre 2023. Sur les 700 habitants, 64 ont été tués, 19 kidnappés et 5 sont toujours en captivité.
Un an après, la guerre déclenchée par ce massacre, le pire de l’histoire d’Israël avec quelque 1 200 victimes, n’est toujours pas terminée. Ce matin, elle s’entend, par ses bombardements. Elle se voit, par les petites maisons du kibboutz ravagées par le feu et les explosions. Elle se sent, en lisant la fatigue de longs mois d’épreuves sur les visages des gens rassemblés ce matin, à 6 heures, pour une cérémonie d’hommage, au cœur du village, sur la pelouse où, un an plus tôt, après l’attaque, les cadavres des combattants du Hamas étaient abandonnés à terre, et ceux des victimes étaient emballés dans des sacs mortuaires, pour être chargés dans des camions et emmenés vers des sites d’identification.
Avant le début de la cérémonie, on prévient : « S’il y a une alerte rouge, il y a trois abris à proximité. » L’armée affirme avoir détecté des tentatives du Hamas de tirer des roquettes sur le territoire israélien, alors que 6 h 29 approche, le moment où l’offensive a été déclenchée.
A l’heure dite, la cérémonie commence par un instant de recueillement. Le drapeau israélien est mis en berne. Dans un brasero brûle une petite flamme. Une affiche noire rend hommage aux sept membres de la garde du kibboutz tués lors de l’attaque. Des photos entourées d’un ruban jaune montrent les portraits des otages toujours aux mains du Hamas. Au même moment, tout Israël se recueille. A Jérusalem, les familles d’otages et de disparus sont rassemblées devant la résidence du premier ministre, pour réclamer le retour des 101 captifs toujours retenus par le Hamas ; cause abandonnée par Benyamin Nétanyahou, au profit d’une guerre à outrance et de son maintien au pouvoir.
« L’odeur de la guerre planait partout »
A Kfar Aza, quelques personnes prennent la parole. Parmi elles, Arik Moran. Il représente les bénévoles venus du pays entier pour effectuer des travaux de nettoyage et de restauration dans le kibboutz : « Nous continuerons à travailler ici autant qu’il le faudra. L’espoir meurt en dernier. » Il évoque les premiers jours de leur mission : « C’était un contraste fou. D’un côté, un beau kibboutz avec des jardins fleuris. Des potagers et des vergers, des sentiers avec des squares ; et de l’autre côté, un environnement de guerre barbare, destruction et dévastation qui brûlaient les yeux et le cœur. »
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