« Très courtois », dit-on, côté gouvernement. « Courtois toujours », mais « tendus » et « très vifs », nuance-t-on, côté maires. Alors que le premier ministre, Michel Barnier, tente, depuis un mois, d’installer un climat de confiance entre l’Etat et les collectivités locales, les échanges tournent au vinaigre au fur et à mesure qu’ils entrent dans le dur. Le gouvernement promet 60 milliards d’euros d’économies en 2025, dont 40 milliards de baisse des dépenses, parmi lesquelles 5 seront demandés aux communes, départements et régions. L’Etat assumera 20 milliards ; la sécurité sociale, 15 milliards.
C’est ce que le ministre chargé du budget, Laurent Saint-Martin, et la ministre du partenariat avec les territoires, Catherine Vautrin, affirment, mardi 8 octobre, devant le Comité des finances locales (CFL), l’instance qui défend les intérêts des collectivités. « Nous n’acceptons aucune des mesures qui nous sont proposées », prévient le président du CFL, André Laignel. Egalement vice-président de l’Association des maires de France (AMF), il promet de lancer « la bataille parlementaire ».
Depuis les déclarations incendiaires, début septembre, des anciens ministres Bruno Le Maire (économie) et Thomas Cazenave (comptes publics), attribuant les tourments financiers du pays à un dérapage de 16 milliards d’euros des dépenses des collectivités, le gouvernement Barnier tente de recoller les morceaux. Mme Vautrin a même pris ses distances avec ses anciens collègues : « Je ne veux plus entendre parler » des 16 milliards d’euros, a-t-elle protesté dans une interview à Ouest-France, le 5 octobre.
2 % du budget des collectivités
Pour autant, donc, les collectivités locales participeront à l’effort collectif pour sortir le pays de l’ornière budgétaire à hauteur de 5 milliards d’euros, soit 12,5 % de l’effort, alors que les collectivités représentent 20 % de la dépense publique, souligne le gouvernement. Ces 5 milliards, c’est 2 % du budget des collectivités (236 milliards).
Trois « mécanismes » ont été présentés mardi aux élus. Les 450 plus grandes collectivités du pays devront, tout d’abord, mettre « en réserve » 2,8 milliards d’euros. Une épargne forcée des plus riches, dont le but est de « freiner la dépense locale ». D’ores et déjà, vingt départements, dont la situation financière est jugée préoccupante, seront épargnés : le Nord, le Pas-de-Calais, la Seine-Saint-Denis, l’Aisne, les Ardennes ou l’Ariège, mais aussi l’outre-mer. Le gouvernement promet que cet argent sera restitué. Quand ? Comment ? A qui ? Mystère. Le débat n’est pas tranché. Ces 2,8 milliards pourraient constituer une nouvelle enveloppe divisée entre les collectivités qui en auraient le plus besoin, et ce, plus ou moins vite, selon que l’effort demandé sera accompli.
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