Malgré les incertitudes nées de la séquence politique de l’été, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) maintient sa perspective de croissance de 1,1 % pour l’ensemble de l’année 2024, tandis que la zone euro « commence à sortir de sa torpeur ». Au troisième trimestre, l’économie devrait progresser de 0,4 %, après un premier trimestre à 0,3 % et un deuxième à 0,2 %.
Compte tenu d’une prévision de croissance nulle pour le dernier trimestre, le bilan de l’année sera donc modeste. « Et l’on commencera la prochaine année avec très peu d’élan », précise Dorian Roucher, chef du département de la conjoncture à l’Insee en présentant jeudi 10 octobre ces prévisions. L’acquis de croissance (c’est-à-dire la progression du PIB enregistrée sur l’ensemble de l’année si celle-ci était nulle au cours des quatre trimestres) engrangé au 1er janvier 2025 sera que de 0,3 %.
Si elle ne marquera pas les esprits par sa vigueur, la croissance 2024 restera atypique par sa composition. Le moteur de l’économie française, cette année, ne sera ni la consommation des ménages, atone au moins sur la première moitié de l’année, ni l’investissement des entreprises, retombé comme un soufflé après trois années fastes, ni les stocks, plutôt en diminution. C’est le commerce extérieur qui joue le rôle de locomotive, contribuant pour 1,3 % à l’augmentation du PIB. La demande intérieure totale (qui cumule consommation et investissement des ménages et des entreprises, ainsi que la consommation des administrations publiques) n’apporte, dans le même temps, que 0,4 % au moulin de l’économie. L’effet de déstockage, lui, a un effet négatif de près de 0,5 %.
Quelques éclaircies
Le commerce extérieur bénéficie d’un double effet. L’atonie de la consommation et la faiblesse de la production industrielle sur le début de l’année, ont tout d’abord minimisé le volume des importations. Ensuite, les exportations se sont accrues, notamment dans trois secteurs : l’aéronautique, la métallurgie et la pharmacie. « On a même regagné des parts de marché », se félicite M. Roucher.
A l’inverse, le mauvais élève de la croissance est l’investissement des ménages, autrement dit l’immobilier neuf. Plombée par les niveaux élevés des taux d’intérêt, la production de logements « a enlevé un dixième de point de croissance par trimestre depuis douze trimestres », rappelle l’expert. Sur la seule année 2024, « l’impact sur la croissance est de l’ordre de 0,3 point », estime-t-il. « C’est un vrai frein, qui va se lever progressivement. »
Il vous reste 45.94% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.