Aujourd’hui, au Soudan, au Nigeria, au Niger et dans d’autres endroits du monde où des populations sont en proie à la faim et à la malnutrition, les soignants n’ont d’autre choix que de renvoyer chez eux des enfants dénutris faute de moyens pour les soigner. Pourtant des traitements efficaces existent depuis deux décennies : disponibles sous forme de sachets qui peuvent être consommés à domicile et qui guérissent un enfant en un mois et demi, ces traitements inventés par un médecin et un ingénieur français sont produits en masse dans une vingtaine d’usines principalement implantées en Afrique et en Asie.
Mais en 2024, un nombre croissant de cliniques situées dans des zones de crises nutritionnelles et alimentaires en est dépourvu, faute d’un financement pérenne pour contribuer à acheter et acheminer ces traitements. En ce 16 octobre, journée mondiale de l’alimentation, une personne, très probablement un enfant, meurt de faim toutes les quatre secondes.
Le risque de famine s’accroît au rythme des tragédies humanitaires : en 2023, 282 millions de personnes – dont 14 millions d’enfants menacés de mort par une forme sévère de malnutrition aiguë – étaient confrontées à un manque drastique de nourriture. Face aux conflits, aux chocs climatiques et au creusement des inégalités, les crises nutritionnelles risquent de se prolonger et de se multiplier.
Depuis 2017 la stagnation du financement
Du fait des changements climatiques, on estime que d’ici 2050, 40 millions d’enfants supplémentaires pourraient souffrir d’un retard de croissance dû à la malnutrition. Quelles que soient les causes de cette malnutrition, ses premières victimes, de Gaza au Soudan en passant par le Nigeria ou l’Afghanistan, restent les femmes et enfants.
Depuis 2017, le financement de la sécurité alimentaire et de la nutrition stagne alors que sur la même période, le nombre de personnes menacées par la faim ne fait qu’augmenter – une telle situation est d’autant plus révoltante que des solutions à la malnutrition aiguë existent et sont connues.
L’année 2022 a constitué une exception notable dans ce marasme : lorsque la guerre en Ukraine s’est intensifiée, la crainte d’un dérèglement des systèmes alimentaires à l’échelle mondiale s’est traduite par une hausse temporaire des financements consacrés aux secteurs humanitaires de nutrition et de sécurité alimentaire de la part des bailleurs internationaux.
Renforcer la mobilisation de 2022 une année particulière
A titre d’exemple, l’Unicef a reçu sur cette période plus de 750 millions de dollars pour l’achat et la mise à disposition de traitements nutritionnels, ce qui a permis d’augmenter de plus d’un tiers (35 %) le nombre d’enfants sévèrement malnutris pris en charge par rapport aux années précédentes, soit de plus de 7 millions d’enfants. Cette mobilisation a permis de réduire temporairement la mortalité infantile au Nigeria et au Niger : en d’autres termes elle a sauvé des vies.
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