La National Oceanic and Atmospheric Administration avait prévenu fin mai : la saison cyclonique 2024 s’annonçait chargée. L’agence américaine chargée de l’observation océanique et atmosphérique, donc de la surveillance des ouragans, estimait à 85 % la probabilité de connaître une activité dépressionnaire supérieure à la normale.
En raison des températures élevées des eaux de l’Atlantique Nord et du golfe du Mexique, ainsi que du retour prévu de La Niña à l’automne, qui favorise la formation de tempêtes, les scientifiques avaient prévu, pour la période qui allait du 1er juin au 30 novembre, que le bassin de l’Atlantique Nord connaîtrait entre huit et treize ouragans. Quatre à sept seraient classés comme « majeurs » (au moins de catégorie 3 sur l’échelle de Saffir-Simpson). Au 22 octobre, on comptait déjà dix ouragans, dont quatre majeurs. La moitié d’entre eux se sont formés dans une période de deux semaines, entre le 24 septembre et le 5 octobre, après des mois d’août et de septembre relativement calmes.
Le début de la saison des ouragans dans l’Atlantique a été particulièrement précoce et intense avec Beryl. Cet ouragan, classé le 2 juillet en catégorie 5, s’est formé au large de la Guinée avant de traverser l’Atlantique vers l’ouest. Il a développé une énergie totale de 35,1 (mesure calculée à partir du carré de la vitesse maximale des vents) au cours de son passage, ce qui représente un quart de l’énergie totale accumulée au cours de la saison.
Sur une dizaine de jours à peine, du 30 septembre au 10 octobre, Kirk, Leslie et Milton ont concentré, à eux trois, près de 45 % de l’énergie mesurée depuis le début de la saison, avec respectivement 16,6, 11,4 et 16,7. Si Milton a été particulièrement dévastateur en abordant la côte occidentale de la Floride en catégorie 3, avant de perdre en puissance sur les terres, Leslie et Kirk sont restés en plein cœur de l’océan à leur puissance maximale, sans faire de dégâts humains ni matériels.
Néanmoins, l’énergie développée par un ouragan n’est pas forcément représentative du danger qu’il représente, comme en témoigne Helene. Formé le 23 septembre au large de la péninsule de la région mexicaine du Yucatan, cet ouragan n’a développé, selon les calculs de l’université d’Etat du Colorado, qu’une puissance de 7,1 alors qu’il a fait au moins 227 victimes et des centaines de personnes toujours portées disparues – ce qui en fait l’ouragan le plus meurtrier depuis Katrina en 2005.
Il a surpris des populations rarement touchées, notamment en Caroline du Sud et du Nord, et en Géorgie, avec des vents jusqu’à 150 km/h dans la petite ville de Valdosta, à l’intérieur des terres. La taille exceptionnelle d’Helene, un des plus gros cyclones à toucher les côtes américaines (670 km de diamètre), explique le niveau de submersion marine extrêmement destructeur, avec un record de 4,5 mètres sur la côte de Big Bend, en Floride. En revanche, son « score » reste plutôt bas car il n’a été classé comme ouragan qu’un peu plus de trois jours.
Le retour progressif de La Niña durant l’automne et les anomalies de température relevées dans l’Atlantique Nord pourraient favoriser la formation de nouvelles dépressions en octobre et novembre, et prolonger cette saison cyclonique peu habituelle.