Promis juré, la France va tailler dans ses dépenses publiques. Assez légèrement en 2025, davantage ensuite. Tel est le message envoyé par Michel Barnier dans le plan budgétaire de moyen terme qui vient d’être transmis à Bruxelles et rendu public, mercredi 23 octobre. Un document de 218 pages dans lequel le premier ministre tente de convaincre l’Union européenne de lui accorder jusqu’à 2029 pour ramener le déficit public à moins de 3 % du produit intérieur brut (PIB). Un peu comme en 1983, au moment du « tournant de la rigueur » négocié par François Mitterrand pour rester dans le système monétaire européen malgré des comptes dégradés.
Ce plan pluriannuel, sur lequel la Commission devrait rendre un premier avis le 26 novembre, prévoit un effort calibré en fonction des exigences européennes. Pour obtenir le délai qu’elle réclame, la France doit réduire son déficit public de 0,76 point de PIB par an en moyenne pendant sept ans, en vertu des nouvelles règles visant les pays en déficit excessif. Calé sur cette contrainte, Paris propose un « effort structurel » moyen de 0,78 point de PIB par an d’ici à 2031.
Cet ajustement débuterait par une année 2025 « coup de poing », témoignage « de l’engagement du gouvernement à redresser au plus vite les finances publiques », plaide la France. En un an, le déficit public serait ainsi ramené de 6,1 % à 5 % du PIB.
Passage en revue des dépenses publiques
Pour ce premier budget, le gouvernement confirme ici noir sur blanc ce qu’ont noté tous les experts : à 70 %, l’effort « structurel » passera par une hausse des impôts et autres recettes. Les nouvelles mesures, comme la surtaxe sur les grands groupes, doivent augmenter les prélèvements obligatoires de 29,5 milliards d’euros d’un coup, dont 19,2 milliards à la charge des entreprises. Sous réserve, évidemment, que le Parlement ne bouleverse pas le texte de Bercy et Matignon.
Ces hausses de recettes « visent à amorcer au plus vite une forte réduction du déficit public, d’ici à ce que des mesures complémentaires, de nature plus structurelle, prennent le relais les années suivantes, prioritairement en dépenses », écrit le gouvernement. Les futures économies, centrales dans le projet, restent toutefois assez floues. Elles « ont vocation à être élaborées et présentées dans les textes financiers des années concernées », indique sobrement le document.
Après la baisse des aides à l’apprentissage et de celles aux pays en développement annoncée pour 2025, plusieurs pistes sont évoquées. Le regroupement d’institutions publiques proches comme Business France et Atout France pourrait réduire leurs dépenses de 10 % d’ici à 2029. Le passage en revue des dépenses publiques pour éliminer celles « inefficientes ou non prioritaires » – une des grandes recommandations de Bruxelles – pourrait économiser au moins 5 milliards d’euros sur la période 2025-2027.
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