FRANCE 5 – VENDREDI 1ᵉʳ NOVEMBRE À 22 H 55 – DOCUMENTAIRE
Au moment où le Musée d’Orsay consacre à Gustave Caillebotte (1848-1894) une exposition orientée sur sa représentation des corps masculins, France 5 propose un documentaire qui élargit le champ. Abordant à la fois la vie du peintre, l’époque qui l’accueillit et l’engagement de l’artiste auprès des impressionnistes, le film de Lise Baron − réalisatrice rigoureuse, attachée à la cohérence du fond et de la forme − multiplie les points de vue et affine les cadrages, à l’image des tableaux de l’artiste.
Gros plans sur les touches épaisses du pinceau et les effets de lumière des toiles, images d’archives noir et blanc sur le Paris de la deuxième moitié du XIXe siècle, extraits cinématographiques s’entrecroisent et dialoguent, pour finalement créer une histoire vivante, dense et subtile.
Tout commence dans le Paris gris, triste et insalubre que s’apprêtent à transformer le plan d’urbanisme et les grands travaux haussmanniens. Masures détruites, ruelles éventrées font progressivement place aux grands immeubles et aux larges avenues. Des perspectives apparaissent qui marquent l’imaginaire du jeune Caillebotte, dont la famille s’installe précisément dans un hôtel particulier situé entre le parc Monceau et la gare Saint Lazare. C’est là qu’au milieu de ses trois frères Caillebotte grandit, passe son adolescence, entreprend des études de droit. La guerre de 1870 puis les événements de la Commune changent ses projets.
Chemin de la couleur
Caillebotte se met à peindre abondamment, entre à l’Ecole des beaux-arts. Après s’être intéressé de près à l’environnement familial (bourgeois) et au contexte historique (tourmenté et sanglant) dans lesquels évolue le jeune homme, le documentaire emprunte le chemin de la couleur et de la lumière. Eléments que privilégie précisément le mouvement impressionniste émergent − éreinté par la critique −, pour lequel Caillebotte se passionne. Au point que, sans relâche, il soutiendra Monet, Degas, Renoir, Pissarro, Sisley, dont il acquiert de nombreuses toiles. Pour eux, il remue ciel et terre, apporte son aide financière, arpente Paris à la recherche de lieux susceptibles de pouvoir les exposer.
Pour autant, Caillebotte ne néglige pas sa propre création, comme le montre le documentaire, qui s’attarde et étudie chacune des peintures retenues, décrivant leurs compositions. Lesquelles, avec leurs premiers et seconds plans, leur profondeur et leur hors-champ, leurs plongées et contre-plongées, semblent annoncer le cinéma. Raboteurs de parquet, Jeune homme à la fenêtre, Le Déjeuner, Le Pont de l’Europe… illustrent cette modernité. Au même titre que la partition aux sons parfois discordants qu’a composée Clémence Ducreux pour ce film dont la réalisation épouse l’esprit de l’œuvre à laquelle il s’attache.
Gustave Caillebotte, héros discret de l’impressionnisme, de Lise Baron (Fr., 2024, 55 min).