Le 29e Festival de Pâques de Deauville (Calvados), qui se tient du 12 au 26 avril, s’est ouvert comme d’habitude dans la salle boisée Elie-de-Brignac, qui accueille chaque été l’une des plus célèbres ventes de yearlings anglais. Regard bleu et pantalon de velours côtelé couleur framboise, Yves Petit de Voize, qui assure la direction artistique de ce qui est aussi un haut lieu de la musique de chambre, s’est félicité d’y accueillir la cinquième génération de musiciens depuis 1996, mais aussi l’un de ceux qui participèrent à ses débuts, le violoniste français Augustin Dumay.
C’est à la jeunesse qu’est revenue d’ouvrir la soirée inaugurale. Robes noires, queue contre queue, claviers tête bêche, les deux Steinway de concert ont attendu leur double cavalier à quatre mains. Les pianistes Arthur Hinnewinkel à droite et Gabriel Durliat à gauche ont entamé la marche « lente et mélancolique » qui caractérise Nuages, le premier volet du triptyque des Nocturnes écrits à l’origine par Debussy (1862-1918) pour orchestre.
La transcription pour deux pianos, confiée par l’auteur du Prélude à l’après-midi d’un faune à son cadet de treize ans, le jeune Maurice Ravel (1875-1937), épouse les contours gris et molletonnés d’une rêverie traversée de coups d’œil inquiets. Les couleurs passent d’un piano à l’autre, s’interpénètrent, jouent, se répondent.
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