Est-ce d’avoir vacillé sur ses bases lorsqu’un déficit de plusieurs millions d’euros a été révélé en mai par le Festival d’Aix-en-Provence ? Pierre Audi, directeur de la manifestation lyrique qui présente, vendredi 6 décembre, sa prochaine mouture, l’affirme : la 77e édition, qui se tiendra du 4 au 21 juillet 2025, « campe plus que jamais sur ses quatre piliers, à savoir un Mozart, un titre baroque, un grand opéra du XIXe siècle (ou début XXe siècle), et une création ». Il a cependant fallu réduire la voilure : deux productions annulées, remplacées par des projets de théâtre musical, dont Aix s’est fait le parangon. Mais l’honneur est sauf. Comme en 2024, pas moins de sept spectacles sont proposés au public. « Ce sont des solutions déjà mises en œuvre durant les trois ans de la période post-Covid », tempère Pierre Audi, dont la résilience prône la méthode « transformer la douleur en plaisir ».
Le programmateur a entendu les voix des mozartiens déçus de ce que La Clemenza di Tito ait dû se contenter, en juillet, d’une version de concert. C’est donc un Don Giovanni dûment mis en scène qui ouvrira le bal – le huitième dans l’histoire du festival. Au pupitre, un habitué des lieux, Sir Simon Rattle, cette fois avec son orchestre munichois de la Radio bavaroise. A la régie, un quasi-inconnu en France, star dans le monde anglo-saxon, le Britannique Robert Icke (plus jeune récipiendaire en 2016 du Laurence Olivier Award), qui fera ses débuts lyriques. Dans le rôle-titre, le baryton Andrè Schuen, aux côtés de Magdalena Kozena, Golda Schultz, Krzysztof Baczyk, Amitai Pati, Madison Nonoa et Pawel Horodyski.
Ancré dans son penchant pour l’opéra français, le festival enchaînera avec un chef-d’œuvre devenu rare, Louise, de Gustave Charpentier, monté en partenariat avec le Palazzetto Bru Zane. « Le projet est né autour de la chanteuse franco-danoise Elsa Dreisig, dont le metteur en scène Christof Loy désirait faire son héroïne », explique Pierre Audi, qui confirme au passage sa priorité de « remettre le chant au cœur du festival » – mission accomplie avec Adam Smith, Sophie Koch, Nicolas Courjal. Le chef d’orchestre Giacomo Sagripanti fera ses débuts festivaliers à la tête des forces musicales de l’Opéra de Lyon.
Théâtre musical
Une autre soprano, cette fois franco-catalane, Lauranne Oliva, est à l’origine de la programmation d’un autre chef-d’œuvre, La Calisto, de Francesco Cavalli, inspiré des Métamorphoses d’Ovide. Sous la direction d’acteurs de la Néerlandaise Jetske Mijnssen (qui fait ses premiers pas aixois), la lumineuse jeune femme incarnera la nymphe libertine au destin cruel tandis que Sébastien Daucé dirigera son Ensemble Correspondances et un aréopage vocal jupitérien, d’Alex Rosen à Paul-Antoine Bénos-Djian, en passant par Giuseppina Bridelli et Anna Bonitatibus.
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