Parcourir le site archéologique d’Atapuerca, près de Burgos, dans le nord-ouest de l’Espagne, c’est se mettre dans les pas des premiers Européens et de leurs successeurs. C’est là qu’a été mis au jour « Pink », le plus ancien fossile préhumain connu dans l’ouest du Vieux Continent. Sa découverte dans le « gouffre de l’éléphant » a été annoncée en mars. Son fragment de maxillaire et son os zygomatique ont été attribués à une espèce inédite, pas encore nommée, ayant des affinités avec Homo erectus, et datée de 1,1 à 1,4 million d’années.
Avec le doyen Pink, ce ne sont pas moins de quatre espèces de la lignée humaine qui se sont succédé sur ces reliefs et dans les grottes d’Atapuerca : il y eut ensuite Homo antecessor, divers néandertaliens et enfin Homo sapiens, notre propre espèce, arrivée plus récemment d’Afrique, et qui ne descend donc pas de ces vieux Européens. L’ensemble offre « une encyclopédie complète de l’humanité en Europe, se réjouit la paléoanthropologue Maria Martinon-Torres. On a tout l’album de famille, mais aussi, ce qui rend les choses encore plus intéressantes, de quoi décrire la faune, l’écosystème, le climat, la culture ».
En ce jour de juillet, cette médecin de formation, directrice du Centre national de recherche sur l’évolution humaine (Cenieh), à Burgos, et codirectrice des fouilles à Atapuerca, nous guide sur les principaux sites. Atapuerca, « c’est comme un vaste gruyère plein de cavités dont nous excavons les sédiments à la recherche de vestiges », résume-t-elle. Un gruyère éventré à la toute fin du XIXe siècle pour laisser passer une voie de chemin de fer, ouvrant une tranchée le long de laquelle un chapelet de cavernes sont apparues. Elles attendront encore près d’un siècle pour attirer l’attention des scientifiques.
Il vous reste 89.93% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.