A toute heure, une colonne de semi-remorques emprunte la Jintang Expressway, une étonnante autoroute qui traverse les marais salants de Changlu, en périphérie de Tianjin, municipalité autonome du nord-est de la Chine, exploités à grande échelle depuis le XIVe siècle. Ces salines couvraient encore 300 000 hectares dans les années 1980. Vingt ans plus tard, leur superficie avait chuté de 70 % avec le développement du complexe portuaire de Tianjin-Binhai et ses zones industrielles et logistiques.
Les marais ont aussi été remblayés pour y ériger la Binhai New Area, un mégaprojet d’urbanisation, d’ailleurs intégré dans le 11e plan quinquennal élaboré en 2006 par le Parti communiste chinois. Y figurent le quartier financier de Yujiapu, un « Manhattan chinois » toujours fantôme, puis l’Eco-cité, soit une ville durable pionnière… au détriment d’un écosystème naturel. A trois quarts d’heure de train rapide de la capitale chinoise, Binhai demeure le symbole de la fièvre immobilière des années 2010, où l’on espérait qu’une forêt de tours suffirait à attirer entreprises et familles.
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