Thomas C. a profité des derniers mots qui lui étaient accordés par le tribunal pour s’excuser, encore une fois. De sa carrière de policier, ce sera « la première et la dernière fois » qu’il se retrouvera « là », sur le banc des prévenus. En l’occurrence devant la 14e chambre du tribunal correctionnel de Bobigny, jeudi 12 juin. « Je ferai en sorte de redorer le blason que j’ai sali ce soir-là », jure-t-il.
Ce soir-là, le 20 mars 2023, son unité de la BRAV-M intervient en plein mouvement de contestation contre la réforme des retraites. Minuit approche et sept personnes interpellées sont assises par terre à l’angle de deux rues du 3e arrondissement. L’un d’eux enregistre discrètement.
La lumière s’est éteinte dans la salle d’audience pour faire place aux voix mêlées de plusieurs policiers, lors de la première journée de procès, le 3 avril. « Tu en reveux une peut-être pour te remettre la mâchoire droite ? » « Efface ton sourire. » « Tu veux que je vienne dormir avec toi ? » « C’est le premier qui bande qui encule l’autre ? » « T’inquiète pas que la prochaine fois qu’on vient tu monteras pas dans le car pour aller au commissariat, tu vas monter dans un autre truc qu’on appelle l’ambulance pour aller à l’hôpital. » « T’as de la chance, on va se venger sur d’autres personnes. Si t’as l’occas’ de regarder la télé regarde bien ! La prochaine fois tu sauras ce qui t’attend quand tu reviendras. » « Tu vas être placé en garde à vue, demain t’as une OQTF [obligation de quitter le territoire français] ! C’est fini ! » Vingt trois minutes de « propos a minima empreints d’une énorme vulgarité », résume la juge rapporteure de l’audience.
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