Friedrich Merz, Emmanuel Macron et Donald Tusk ont apporté, mercredi 27 août à Chisinau, un « soutien déterminé » à la Moldavie en vue de son adhésion à l’Union européenne face aux « mensonges » et aux « ingérences » de Moscou, à la veille d’une campagne électorale cruciale.
« La porte de l’Union européenne est ouverte », a lancé le chancelier allemand, aux côtés du président français, du premier ministre polonais et de la présidente moldave, la pro-européenne Maia Sandu. La France va « apporter un soutien déterminé à la Moldavie au cours des prochaines étapes de son parcours vers l’adhésion », a promis pour sa part Emmanuel Macron.
Le président de la République a parlé d’une « chance historique » pour cette ex-république soviétique de 2,6 millions d’habitants, frontalière de l’Union européenne, mais aussi de l’Ukraine en guerre.
Les dirigeants des trois pays, que les diplomates nomment le « triangle de Weimar », devaient participer dans la soirée au 34e anniversaire de l’indépendance moldave et s’adresser à la foule réunie pour un concert à Chisinau, à la veille du début officiel de la campagne pour les élections législatives de la fin septembre, troublées, selon la Moldavie et ses alliés européens, par des « ingérences » de Moscou pour la faire basculer dans son camp.
Friedrich Merz y a fait directement référence en affirmant que « pas un jour ne passe sans des attaques hybrides massives de la part de la Russie ». « La démocratie moldave est sur la sellette », a-t-il déploré.
« Pas d’alternative à l’Europe »
« Là où renaissent des velléités de venir fausser le jeu de votre démocratie, là où, nous le voyons à vos portes, les frontières sont contestées, la souveraineté des peuples bafouée (…), nous venons, si je puis dire, à visage découvert, vous dire la confiance que nous avons dans l’avenir », a, pour sa part, déclaré Emmanuel Macron. « La propagande du Kremlin nous explique que les Européens souhaitent prolonger la guerre et que l’Union européenne opprime les peuples (…) Ce sont des mensonges. »
Maia Sandu, réélue en novembre 2024, a salué la présence du trio, qui « démontre, non seulement [leur] soutien à la Moldavie, mais aussi que le projet européen continue et que [la Moldavie] en [fait] partie ».
« Il n’y a pas d’alternative à l’Europe » à un moment où « notre indépendance, notre souveraineté et notre paix sont mises à l’épreuve peut-être plus que jamais », a-t-elle poursuivi.
« Cette visite est vraiment un signal fort du soutien à la Moldavie et elle adresse un message symbolique à la Russie, à savoir que les principaux pays européens se préoccupent de ce qui se passe ici », estime l’analyste politique Valeriu Pasha, du cercle de réflexion Watchdog, à Chisinau. Le Parti action et solidarité (PAS) de Mme Sandu devrait, selon lui, arriver en tête des législatives, mais le résultat est difficile à prédire en raison de « l’énorme ingérence russe », alimentée par « des sommes d’argent folles », sur fond de crise économique et d’inflation élevée.
La cheffe de l’Etat a accusé fin juillet la Russie de mener une opération complexe et coordonnée d’ingérence « sans précédent » pour « contrôler » son pays « dès l’automne », en recourant à des mécanismes d’achat de votes et de financements avec des « cryptomonnaies ». « Cent millions d’euros » étant prévus à cet effet, a-t-elle alors précisé, pointant également du doigt la responsabilité de la plateforme Telegram. La France met en avant sa coopération, renforcée en mars, à l’occasion de la dernière visite de Maia Sandu, pour lutter contre les ingérences numériques, par le biais de l’agence française Viginium.