Un niveau de destruction inédit. Dans la bande de Gaza, aucun secteur n’échappe à l’opération d’écrasement lancée par l’armée israélienne en réponse à l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre 2023, et l’agriculture est touchée à des niveaux sans précédent, aggravant la crise alimentaire sur le territoire. Selon la dernière évaluation publiée jeudi 3 octobre par l’agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), les deux tiers des terres agricoles de Gaza, soit plus de 10 000 hectares, ont été endommagés depuis le déclenchement des opérations militaires israéliennes. Dans les gouvernorats du nord du territoire, le niveau de destruction approche même 80 %.
Les causes de ces dégâts sont nombreuses : bombardements, passages d’engins lourds, déplacement de population, mise en place d’une « zone tampon » par l’armée israélienne à l’intérieur des frontières de Gaza – amputant encore davantage son étroit territoire… Pour effectuer son analyse, la FAO s’est appuyée sur plusieurs imageries satellite de haute résolution, comparant la période depuis octobre 2023 aux années précédentes, de 2017 à 2023, complétées par des entretiens sur le terrain. La FAO a aussi tenu compte dans son évaluation des saisons, des types de culture et de leurs calendriers pour pouvoir interpréter les images et comprendre les évolutions du couvert végétal.
Les terres agricoles couvrent 42 % du territoire gazaoui. Il s’agit en grande majorité de vergers – le reste étant constitué de terres maraîchères et de champs. Si le modèle y est essentiellement vivrier, les serres, vergers, petits élevages et bateaux de pêche couvraient, avant le début du conflit, une part non négligeable des besoins en œufs, volailles, lait, légumes, poissons et fruits des plus de 2 millions de Gazaouis. Et ce malgré le blocus mis en place par Israël depuis l’arrivée du Hamas au pouvoir à Gaza en 2007. L’agriculture représentait, il y a un an encore, 10 % du produit intérieur brut du territoire, et faisait vivre 500 000 personnes.
« Le secteur agricole a toujours été très important à Gaza, même s’il ne suffisait pas à couvrir les besoins de la population, explique Giulia Pizzicannella, experte en sécurité alimentaire au sein de l’équipe d’urgence de l’ONG Action contre la faim. Les terres ont peu de superficie, l’accès à l’eau y est difficile, avec un aquifère surexploité, l’électricité est depuis longtemps intermittente et les agriculteurs dépendent de l’achat de fuel pour pouvoir irriguer… Les fermiers étaient déjà vulnérables à cause du coût élevé des intrants. »
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