Hatim Alhaddad, nouveau-né de 1 jour, mort le 14 juin à cause de problèmes respiratoires combinés à la malnutrition. Abdulaziz Abdulrahman Salem, 15 jours, mort le 2 mars des suites d’un œdème de famine, qui se caractérise par un gonflement du visage. Mira Muhammad Bakr Al Shawa, 15 jours, décédée le 3 mars, en raison, elle aussi, de difficultés respiratoires aggravées par la malnutrition. Youssef Sami Al-Tiramisi, 25 jours, mort le 6 février, à cause de la malnutrition. La liste, déchirante, est loin d’être close.
Depuis le début de la guerre lancée par Israël contre Gaza, le 7 octobre 2023, dans les heures qui ont suivi l’attaque sanglante du Hamas sur le territoire de l’Etat hébreu, le département pédiatrique de l’hôpital Kamal-Adwan, situé dans le nord de l’enclave palestinienne, a enregistré la mort de trente-sept enfants par malnutrition et déshydratation. Au moment de leur décès, le poids de tous les nouveau-nés mentionnés plus haut était inférieur à la moyenne. Abdulaziz Abdulrahman Salem pesait 1,3 kg.
Médecin dans ce même établissement, Hussam Abu Safiya reçoit tous les jours une trentaine d’enfants « montrant des symptômes de malnutrition et d’une sévère déshydratation, explique ce praticien gazaoui, joint par WhatsApp. En mai, j’ai examiné une fillette de 7 ans. Sa mère m’a dit que son enfant n’avait rien mangé ou bu depuis cinq jours. Je n’ai pas pu la sauver : elle est morte au bout de trois jours d’hospitalisation. »
Plus que la peau sur les os
A l’hôpital Nasser, situé plus au sud dans la bande de Gaza, à Khan Younès, trois enfants ont perdu la vie depuis le mois de mai, en raison de la malnutrition. « Un garçon de 6 ans et deux filles, l’une âgée de 1 an et l’autre de 6 mois, précise le médecin Ahmed Al-Farra depuis Gaza. Celle de 6 mois s’appelait Toline. Elle a été hospitalisée plusieurs fois, mais la dernière fois, le 23 août, on n’a pas pu la sauver. » Sur les photos d’elle, vivante, qu’Ahmed Al-Farra a envoyées au Monde, la petite, en pleurs, n’avait plus que la peau sur les os.
Dans le département pédiatrique de l’hôpital Nasser, neuf mineurs sont hospitalisés, souffrant du manque de nourriture et d’eau potable, parfois en liaison avec d’autres comorbidités. L’unité des soins intensifs réservée aux enfants dans cet établissement, qui accueille notamment ceux ayant été blessés dans les bombardements, n’a plus de capacité pour prendre en charge les autres, ceux qui souffrent de malnutrition. « Nous avons essayé de consacrer à ces enfants un petit espace dans l’unité des soins intensifs pour les adultes. Mais souvent, là-bas non plus, il n’y a pas de places disponibles », se désole Ahmed Al-Farra.
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