L’historien Jean-Pierre Filiu s’est rendu dans la bande de Gaza pour documenter la situation.
Sur LCI, dimanche 1er juin, il raconte l’hospitalité, la souffrance et la dignité de la population locale.
L’offensive israélienne a un « coût exorbitant pour la population locale« , affirme l’historien spécialiste de Gaza, Jean-Pierre Filiu, sur le plateau de LCI, dimanche 1ᵉʳ juin. Celui qui s’est rendu sur place raconte que la population reste « très hospitalière, très accueillante » malgré la famine qui menace. « On continue à vous inviter sous la tente, à vous proposer de partager le moins que rien qu’on a », détaille-t-il.
Jean-Pierre Filiu a également été marqué par la recherche de dignité des Gazaouis, notamment dans la mort. « L’obsession qui hante les habitants de Gaza, c’est de pouvoir mourir entier, alors que la plupart des corps sont brisés par les bombardements, quand ils ne sont pas calcinés par les flammes dans le cadre de frappes incendiaires », rapporte l’historien. « On voit un rapport à la mort totalement nouveau dans la bande de Gaza. Quand les morts passent, on détourne la tête, alors qu’avant, on se joignait spontanément au cortège pour accompagner le défunt dans sa dernière demeure. Mais là, il y en a trop. On n’arrive plus à gérer son propre deuil », explique-t-il.
L’historien parle ainsi de la « carapace de survie » que se sont formés les Gazaouis. « On ne pleure pas, on ne se lamente pas. […] La population de Gaza a toujours été très pudique : quand ils parlent d’une nuit difficile, ça veut dire qu’en fait, ça a été cauchemardesque, qu’ils ont été soit inondés, soit sous la cible de bombardements », conclut-il.