« Vous auriez mérité d’avoir ici une star, une légende, un prix Nobel, ou qui sait, le pape lui-même… Peut -être l’année prochaine ? » Un rire parcourt la foule de milliers de personnes réunies, jeudi 29 mai, sur la pelouse de Harvard. Abraham Verghese n’a pas la notoriété de ses illustres prédécesseurs – Barack Obama, Angela Merkel, Tom Hanks, Mark Zuckerberg, ou encore Steven Spielberg – choisis pour prononcer le grand discours annuel de remise des diplômes de la célèbre université.
Mais en cette année 2025, marquée par les attaques de l’administration Trump contre le campus, qui de mieux pour remplir ce rôle qu’un médecin, professeur à Stanford, écrivain, né en Ethiopie de parents indiens, et arrivé en Amérique dans les années 1980 avec le statut d’étudiant étranger. « Quand des immigrés et d’autres personnes présentes légalement dans ce pays, y compris vos nombreux étudiants étrangers, s’inquiètent d’être arrêtés à tort, voire expulsés, il est peut-être approprié que vous entendiez la voix d’un immigré comme moi. »
Depuis mardi, l’université de Harvard vit au rythme des cérémonies du Commencement, le rituel de fin d’études dont les origines remontent au XVIIe siècle. Elles ont débuté avec un défilé des quelque 9 000 étudiants diplômés. Beaucoup ont revêtu, en plus de la toge et de la toque noires, des étoles aux couleurs de leurs pays d’origine et l’on mesure, à la vue de cette foule bariolée, ce que signifie pour l’université la perte potentielle de ses étudiants étrangers.
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