La guerre qui fait rage au Proche-Orient depuis le 7 octobre 2023 n’est pas faite que de bombardements et d’échanges de missiles et de roquettes. Elle se manifeste aussi par une forme d’oppression au quotidien en Cisjordanie occupée par Israël. C’est le sens du dernier rapport de l’ONG israélienne de droits humains B’Tselem, publié mardi 3 décembre, qui expose les mauvais traitements de soldats envers des Palestiniens d’Hébron, deuxième plus grande ville de Cisjordanie.
Abritant le tombeau des Patriarches, lieu saint pour le judaïsme, le christianisme et l’islam, c’est l’un des sites des territoires palestiniens où les tensions sont les plus fortes. Hébron est coupée en deux secteurs depuis les années 1990. Le premier, dit « H1 », est sous le contrôle des Palestiniens. Dans le quartier de la ville sous occupation israélienne vivent quelque 30 000 Palestiniens et entre 700 et 900 colons juifs, placés sous la protection d’un millier de soldats. C’est le seul endroit de Cisjordanie où des colons vivent en pleine ville. Sorte de laboratoire de l’occupation, c’est ici que sont mises au point les techniques de contrôle de la population palestinienne – récemment, la reconnaissance faciale – ensuite exportées dans toute la Cisjordanie.
Le rapport de B’Tselem y a collecté, de mai à août, les témoignages de 25 personnes. « Ces comptes rendus indiquent une augmentation de l’ampleur, du type et de la gravité de la violence que les soldats emploient actuellement contre les Palestiniens en Cisjordanie. Il semble que les habitants palestiniens d’Hébron peuvent, à tout moment, être victimes de violences brutales qui leur sont ouvertement infligées dans le cadre de leurs activités quotidiennes », estime le rapport.
Cette violence vise non seulement les Palestiniens, mais aussi les symboles de leur identité, comme le dénonce Badr El-Tamimi. Ce commerçant de 60 ans possède un magasin de souvenirs non loin de la yeshiva dite « Beit Romano », l’un des points névralgiques de la colonisation à Hébron. Son échoppe est régulièrement visée par l’armée. En juin, quatre soldats entrent. L’un d’entre eux montre un keffieh aux couleurs du drapeau palestinien et tranche : « Il n’y a pas de Palestine. Que l’Etat d’Israël. » Deux autres s’emparent des vêtements, vont les jeter dans les toilettes du magasin et urinent dessus. Ils repartent avec des caisses remplies de souvenirs.
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