Depuis 2022, la Bibliothèque nationale de France expose une partie de ses collections. Elles sont si multiples et prestigieuses que le musée peut se permettre d’en changer la présentation chaque année, à l’automne, chaque fois selon un thème nouveau. Cette saison, c’est celui des circulations, explorations, voyages et ambassades : une abondance effarante de manuscrits à peintures, reliquaires, cartes, traités diplomatiques, antiquités égyptiennes ou grecques, etc. Trois présentations se succèdent et l’on en est, pour l’heure, à la deuxième.
Celui qui demeure l’année entière, c’est l’artiste sollicité pour accompagner ce cycle, Barthélémy Toguo. Né au Cameroun en 1967, il vit entre son pays natal et la France. Faire intervenir un créateur vivant dans un musée est un exercice auquel bien des institutions se livrent et qui ne surprend donc plus. Mais il est rare que les interventions de l’invité soient aussi judicieuses par rapport au lieu qui les reçoit.
On le constate dès l’installation placée au-dessus de l’escalier d’entrée, A book is my hope. On l’avait vue en 2018, à la Biennale de Dakar, où Toguo l’avait déployée dans une librairie pour dénoncer les destructions de manuscrits par les groupes islamistes à Tombouctou : une pluie de livres suspendus dans le vide. Aujourd’hui, dans divers pays, au nom de divers fanatismes, des bibliothèques sont expurgées des ouvrages jugés sacrilèges ou dangereux. L’allégorie est donc aussi actuelle qu’il y a sept ans.
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