Sur la route qui mène à Wlodawa, le point de convergence des trois frontières, polonaise, ukrainienne et biélorusse, aux confins est de la voïvodie (région administrative) de Lublin, une brume épaisse envahit les prairies et les champs de courges. Wyryki est une commune rurale parmi les plus étendues et les moins densément peuplées de la région – 220 kilomètres carrés pour 2 300 habitants –, jonchée à perte de vue de champs et d’épaisses forêts.
En cette matinée du vendredi 12 septembre, deux camions militaires stationnent à 20 kilomètres de la frontière, accompagnés de policiers en voitures banalisées. Une soixantaine d’hommes des forces de la défense territoriale – l’équivalent polonais de la garde nationale – se mettent en rang et s’apprêtent à ratisser les champs de maïs des deux côtés de la route. Dans un rayon de 20 kilomètres, quatre impacts de drones ou de leurs fragments ont été recensés suite aux incursions russes dans l’espace aérien polonais, deux jours plus tôt. Sur la quinzaine d’impacts répertoriés dans le pays, neuf l’ont été dans la région de Lublin.
C’est à quelques kilomètres qu’a eu lieu l’incident le plus notable. Un objet volant a percuté le toit d’une maison et la chambre à coucher d’un couple de retraités. Le drame a été évité de justesse : le couple était descendu au rez-de-chaussée un quart d’heure plus tôt. Pour les habitants des alentours, le traumatisme reste fort. Urszula Zaprzaluk, elle-même retraitée, est la voisine immédiate. Sa maison a également été touchée par des débris. Elle était encore couchée quand l’incident s’est produit, peu avant 7 heures du matin.
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