Un an de prison avec sursis, 50 000 euros d’amende, et cinq ans d’inéligibilité ont été requis, jeudi 18 avril, contre Didier Robert (divers droite), ancien président du conseil régional de La Réunion (de 2010 à 2021), jugé pour le recrutement de huit conseillers techniques ou de chargés de mission soupçonnés d’avoir occupé emplois fictifs ou partiellement fictifs, entre 2015 et 2019, à la rémunération moyenne de 4 800 euros brut mensuels.
L’ancien vice-président de la collectivité, Jean-Louis Lagourgue, et l’ancien directeur du cabinet de Didier Robert, ainsi que huit collaborateurs accusés d’avoir été recrutés en raison de leurs liens politiques ou par récompense, étaient poursuivis pour « détournement de fonds publics », « prise illégale d’intérêts » et « recel ». Plaidant la relaxe, les avocats des onze prévenus ont fustigé durant les cinq jours de procès, une « procédure bâclée et partiale », entretenant « la confusion entre l’indice et la preuve », selon Me Luc Brossollet, ou cherchant « à confirmer ce qu’a dit la chambre régionale des comptes », qui a déclenché l’affaire avec un signalement en 2021.
Emu à la barre, Didier Robert, aujourd’hui restaurateur – il a mis un terme à sa carrière politique fin 2021 après avoir été condamné à trois ans d’inéligibilité dans une affaire touchant à son salaire de président d’une société d’économie mixte satellite de la collectivité –, dit assumer ces recrutements. Il affirme que ces huit collaborateurs avaient été embauchés pour « leurs compétences », non pour tisser un maillage politique de l’île et les utiliser comme soutien. Selon lui, ces conseillers ne représentaient qu’un poids électoral faible comparés aux maires en place, sur lesquels il s’appuyait lors des élections régionales.
« Aucun travail réel »
Parmi les collaborateurs de cabinet poursuivis, un compagnon de route de l’ex-vice-président de la région. Ce dernier avait lui-même signé le contrat de cet élu, qui a longtemps figuré dans sa majorité de la commune de Sainte-Marie. Recruté pour « débloquer les dossiers enlisés », chargé aussi des relations avec les élus régionaux, Yves Ferrières explique aux juges qu’il « rendait compte de son travail oralement au président Robert ».
Une élue au conseil départemental, Sabrina Ramin, colistière de Didier Robert aux élections régionales de 2015, a, elle, été recrutée comme chargée de mission au conservatoire de Saint-Benoît. Son directeur a déclaré aux policiers de l’Office central de la lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales que ce recrutement lui avait été imposé, que la structure n’avait pas de besoins réels et que l’élue « n’avait effectué aucun travail réel ».
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