Gorgé de poissons argentés, le chalut oscille comme un pendule au-dessus du pont trempé du Magayant. Là, abrités par leurs cirés du rideau d’eau de mer qui s’écoule, trois marins immobilisent prestement le large filet vert et déversent son contenu sur le sol du bateau. En ce matin d’avril, alors que le jour n’est pas encore levé sur le golfe de Gascogne, les poissons aux corps longs et minces vont être bientôt triés et mis en caisse, puis placés au frais, avant d’être vendus à la criée le lendemain au port de La Turballe (Loire-Atlantique).
Depuis le poste où il manœuvre le treuil qui a hissé le chalut, David Le Huche voit déjà que le butin pêché, ces dernières heures, au sud de Belle-Ile-en-Mer (Morbihan) n’est « pas bon » : « Ce n’est pas notre grosse saison. Là, on fait surtout bouillir la marmite. »
La pesée confirme ce que le marin de 39 ans – dont plus de deux décennies en mer – a jaugé à l’œil : il y a là 180 kilogrammes de merlus, moitié moins de chinchards. « D’habitude, c’est plus. Il faudrait qu’on pêche au moins deux ou trois fois ça », estime Anthony Le Huche, le patron du Magayant. A ses côtés, sur le chalutier de 22,80 mètres, outre son cousin David, ses deux fils, Roman et Théo, ainsi que Loan, l’apprenti.
Au poste de commande, sorte de cockpit vitré où il doit consigner ses prises dans un journal électronique, l’homme de 54 ans scrute l’obscurité où le Magayant progresse, aux côtés du Tangaroa, le navire avec lequel il fonctionne en « paire » pour remorquer le filet. « C’est une nuit très très moyenne. Mais c’est comme ça, c’est la pêche. »
Une profession en crise
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