La Conférence des Nations unies sur l’océan, qui se tient à Nice jusqu’au 13 juin, sera-t-elle un énième sommet onusien fait d’un collage de vœux pieux souvent contradictoires, ou des acquis solides sont-ils possibles ? On peut parfois désespérer, sur fond de débats d’experts difficiles à comprendre pour l’observateur lambda sur la fonction d’aires marines dites « protégées », alors qu’y sont autorisés les navires de pêche industrielle intensive, ou d’épisodes lamentables comme l’attaque subie début juin à son domicile parisien par l’activiste Claire Nouvian, ou l’ordre intimé par la préfecture et la ville de Nice à un bateau de Greenpeace de s’éloigner des parages.
La conférence a été précédée, les 7 et 8 juin à Monaco, d’un forum sur l’économie et la finance bleue (transposition du concept de la finance verte au domaine marin), dont l’objectif consistait à lever des fonds publics et privés pour le développement d’activités vertueuses en mer et sur les côtes. Très bien, mais pour commencer, ne devrait-on pas réformer les aides publiques dans le secteur de la pêche pour que celles-ci soutiennent les pratiques vertueuses, la justice environnementale et sociale, et favorisent en priorité la petite pêche artisanale et non la pêche industrielle intensive ?
Le changement océanique, sur lequel alertent les scientifiques qui se sont réunis à Nice, du 3 au 6 juin, dans le cadre du congrès One Ocean Science, est le revers du changement climatique : absorbant 90 % de l’excès de chaleur et plus de 25 % du CO2 que nous lançons dans l’atmosphère, l’océan en atténue les impacts. Mais il le fait au prix de vulnérabilités croissantes pour la vie marine et les riverains des zones côtières et insulaires, ainsi que le rapporte le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat : réchauffement de la température sous-marine avec à la clé la menace de perturbations graves des courants océaniques, l’extinction massive des récifs coralliens qui abritent 25 % de la biodiversité marine à l’échelle mondiale, la fonte des glaces polaires, elle-même principal facteur de l’élévation du niveau de la mer, le changement de la composition chimique de l’océan dû à l’augmentation de la concentration du CO2 dans l’océan avec son lot de conséquences pour la vie marine… Un panorama qui invite à un sursaut : le principe de protection doit devenir la norme et non l’exception.
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