On se souviendra longtemps de ce 29 avril à l’Opéra Bastille, du dernier baisser de rideau sur une salle chavirée de ce bonheur vaguement douloureux dont seul l’opéra a le secret lorsque ses planètes s’alignent, comme dans ce Il Trittico, de Giacomo Puccini, présenté jusqu’au 28 mai. Distribution magnétisée par la présence de la comète Asmik Grigorian, fosse d’orchestre en état de grâce sous la baguette de Carlo Rizzi, mise en scène rigoureusement ouvragée de Christof Loy, tout concourt au succès de l’étonnante trilogie composée par Puccini entre 1913 et 1918.
Une comédie macabre autour d’un notable florentin spolié de ses dernières volontés, le naufrage d’un couple de mariniers à la dérive sur fond d’adultère, la réclusion tragique et révoltée d’une fille-mère dans un couvent près de Sienne : Il Tabarro, Suor Angelica et Gianni Schicchi, bien qu’ils aient été initialement conçus dans l’idée d’une trilogie, à l’instar de La Divine Comédie, de Dante, représentent trois entités distinctes. Ils sont d’ailleurs le plus souvent joués séparément, associés à d’autres ouvrages (ainsi, Gianni Schicchi à L’Heure espagnole, de Ravel, en 2004 au Palais Garnier, à Paris).
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