Et Satan conduit le bal ! Le célèbre air de Méphistophélès, chanté par les plus grandes basses du monde entier, ne figure pas dans la version originale du Faust de Gounod. Sa présence dans la version proposée à l’Opéra de Lille jusqu’au 22 mai illustre en filigrane la mise en scène de Denis Podalydès, dénonçant le culte d’un « Veau d’or » bien solide sur ses quatre pattes – luxure, pouvoir, argent, avidité. En choisissant la première mouture avec des dialogues parlés, créée à l’Opéra-Comique en 1859, Faust se révèle nettement plus incisif et licencieux, frondeur et satirique. On se signe à l’église pour mieux se vautrer dans le péché.
Le travail fondamental des musicologues du Centre de musique romantique française, le Palazzetto Bru Zane, en donnait un aperçu en version concertante au Théâtre des Champs-Elysées avant l’album enregistré par Christophe Rousset (avec Benjamin Bernheim et Véronique Gens), publié en 2019 sur leur label. Mais le passage à la scène, dopé par les choix du chef d’orchestre, Louis Langrée, opérant un nouveau détourage, en particulier des seconds rôles, renouvelle incontestablement la mise, pour le meilleur.
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