C’est le printemps, et les 154 danseurs du Ballet de l’Opéra national de Paris sont sur le pont. Ils investissent leurs deux maisons parisiennes avec des programmes qui décollent. Au Palais Garnier, Appartement, créé en 2000 pour douze interprètes de l’institution parisienne par le maître suédois Mats Ek, reprend du service pour la troisième fois. Et quelle émotion ! A l’affiche jusqu’au 18 avril, il voisine avec la pièce Vers la mort, pour neuf danseurs, de l’Israélienne Sharon Eyal, qui opère une refonte de son spectacle OCD Love (2015). Sa parade maniériste, si fascinante soit-elle, sort passablement écrasée par la vigueur mordante de la saga domestique de Ek, qui, mardi 1er avril, ne laisse rien sur son passage, sauf des spectateurs criant leur joie.
Egalement enthousiaste, le public de l’Opéra Bastille, mercredi 2 avril, a partagé son plaisir devant La Belle au bois dormant, de Rudolf Noureev. Sur la musique de Tchaïkovski, le monument coiffé-poudré, créé en 1989 d’après la chorégraphie de Marius Petipa (1818-1910), remis en selle en 1997 dans une nouvelle production, semble ne pas avoir bougé d’un cil, tant il tombe sans un faux pli. Grand tralala à la Louis XIV pour ce conte de Perrault éternel, ou contemporain à vif selon Eyal et Ek, les distributions dans les deux salles sont tellement étoilées – avec une jeune génération qui n’a pas encore décroché son diadème mais brille, brille, brille – qu’on en sort éberlué. Preuve que la compagnie est plus que jamais au pic de sa forme.
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