Une grève a mis à l’arrêt la production des sites Lubrizol de Rouen et du Havre, mardi 18 février, pour dénoncer une restructuration menaçant près de 150 postes en Seine-Maritime, a appris l’Agence-France Presse de source syndicale, confirmant une information d’Ici Normandie. « La CGT part sur une semaine de grève », a annoncé Thomas Ferment (CGT) à un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) devant le site rouennais, qui avait été touché en 2019 par un gigantesque incendie de produits chimiques.
« Cent pout cent des effectifs de production sont en grève à Rouen et à Oudalle [près du Havre], on est à l’arrêt avec mise en sécurité », a ajouté le syndicaliste. « La CGT demande le retrait du PSE [plan de sauvegarde de l’emploi] car l’usine va bien, on fait toujours de l’argent », a-t-il dit. « On veut nous faire croire qu’on manque de compétitivité, mais on a produit 350 000 tonnes en 2024 », a chiffré M. Ferment. « A titre de comparaison, notre concurrent Chevron en a produit 270 000. »
Lubrizol France produit sur ses trois sites français, à Rouen, Oudalle et Mourenx (Pyrénées-Atlantiques), des additifs pour l’essence, le diesel ainsi que les lubrifiants moteurs et industriels.
Suppression de 169 postes
La direction a annoncé au début de février un PSE avec la suppression de 169 postes, notamment 145 des 367 emplois à Rouen – Petit-Quevilly. Contactée par l’AFP, la direction s’est dite « surprise » et « regrette » cette grève, rappelant avoir accepté de décaler la procédure du PSE de trois semaines.
« Le PSE a été un choc, personne ne s’y attendait », a témoigné Réginald Sauvalle, délégué CFDT, assurant que l’usine est « viable » et dénonçant l’ouverture de « centres clients » et d’« une méga-usine en Inde ». « On négocie avec une direction qu’on ne connaît pas, qu’on ne voit jamais », s’est emporté le syndicaliste.
Selon lui, le PSE a été mis en place « par rapport » à l’incendie du 26 septembre 2019 dans l’usine rouennaise. La combustion de 10 000 tonnes de produits chimiques avait alors causé toux, gênes respiratoires, irritations, maux de gorge, nausées et vomissements chez une partie de la population locale.
Un rapport de suivi de l’université de Rouen a mis en évidence la présence de huit substances classées « cancérogènes et mutagènes, perturbateurs endocriniens et/ou reprotoxiques, ou toxiques pour les organismes aquatiques » dans l’environnement. Une présence « reliable uniquement à l’incendie ».