La colère gronde à Belo-sur-Tsiribihina, au cœur de la région du Menabe, dans l’ouest de Madagascar. A trois semaines de la restitution par la France du crâne du dernier souverain sakalava, décapité par les troupes coloniales, ses descendants n’entendent pas se voir imposer le calendrier ni les conditions dans lesquelles le retour de ces restes sacrés pourrait se dérouler. Le refus de dialoguer manifesté par la ministre de la culture et de la communication, Volamiranty Donna Mara, lors de son déplacement éclair à Belo, dimanche 16 mars, a fini d’embraser les esprits face à ce qui a été perçu comme du mépris pour leurs traditions et un « affront à [leur] dignité ».
Le massacre d’Ambiky, en août 1897, dans lequel périt le roi Toera alors qu’il s’apprêtait à se rendre, est l’un des épisodes les plus douloureux de la conquête coloniale. Entre quelques centaines et 5 000 personnes furent tuées, selon les sources, et des soulèvements se prolongèrent encore pendant plusieurs années. Le souverain et plusieurs de ses soldats furent décapités.
Il fallut attendre le début des années 2000 pour que des recherches laissent penser que les crânes collectés en guise de trophées étaient conservés au Musée de l’homme, à Paris. La première demande officielle de restitution fut adressée en 2003 à l’ambassade de France à Antanarivo. De retour au pouvoir en 2019, Andry Rajoelina avait fait du dossier l’une de ses promesses présidentielles. Elle aboutit aujourd’hui en écho à la volonté d’apaisement mémoriel d’Emmanuel Macron.
Il vous reste 81.51% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.