Quelque 73 logements informels ont commencé à être détruits, lundi 7 avril, à Dzoumogné, dans le nord de Mayotte, lors de la première opération de « décasage » de l’année 2025 dans l’archipel.
L’opération vise à « redonner à la commune un terrain nécessaire à son développement », a affirmé sur place aux journalistes le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville. Elle doit permettre à la commune de Bandraboua, où se trouve le village de Dzoumogné, de bâtir sur le site une école de 26 classes. « On a un déficit de salles de classe qu’il nous faut très rapidement combler », a précisé à la presse Soibirdine Hachime, le directeur général des services de la ville de Bandraboua.
La loi Elan, sur laquelle repose l’arrêté préfectoral de destruction du bidonville publié le 7 février, oblige la préfecture à faire des propositions de relogement ou d’hébergement d’urgence aux habitants français ou en situation régulière.
Habitat insalubre
Sur 17 familles qui ont reçu des propositions, six les ont acceptées, soit une vingtaine d’habitants. Lors du début du décasage, « la plupart des personnes étaient parties », a affirmé à l’Agence France-Presse le colonel de gendarmerie Michaël Sorre, qui dirigeait les opérations. Pour encadrer l’opération entamée dans le calme, 135 gendarmes ont été mobilisés.
Cette opération, qui doit durer une semaine, est réalisée dans le cadre de la lutte contre l’habitat insalubre menée dans le département le plus pauvre de France. La démolition du bidonville a aussi pour but d’endiguer l’insécurité dans « un quartier où les délinquants viennent se réfugier », selon Soibirdine Hachime. Le ministre des outre-mer, Manuel Valls, en visite mardi et mercredi à Mayotte, doit se rendre sur les lieux.
Ces destructions font écho à la deuxième opération « Wuambushu », intitulée « place nette » lancée par le gouvernement, en avril 2024, pour « lutter contre l’habitat insalubre, l’immigration clandestine et trouver des chefs de bande ». Une référence aux opérations « place nette XXL » lancées dans l’Hexagone pour lutter contre le trafic de drogue.
En 2023, la première opération « Wuambushu » (« reprise » en mahorais) avait été critiquée sur place pour son maigre résultat, dont la destruction de 700 « bangas » (« cases ») et l’arrestation de 60 individus. Dénoncée par des associations comme « brutale », « anti-pauvres » et violant les droits des migrants, l’opération visait notamment à démolir une série de bidonvilles et à expulser leurs habitants en situation irrégulière vers les Comores voisines.