Des bâches recouvrent toujours des toits envolés, de gros tas de déchets verts et de carcasses métalliques attendent d’être évacués, des épaves de bateau occupent encore les rivages des gares maritimes de Mamoudzou et Petite-Terre. A Mayotte, six mois après le passage du cyclone Chido, le 14 décembre 2024, qui a dévasté l’archipel en laissant derrière lui 40 morts, 41 personnes disparues et des milliers de blessés, les cicatrices restent visibles. Celles d’une catastrophe jamais connue depuis 1934, pour laquelle personne n’était préparé, dans un territoire déjà en tension en raison de précédentes crises sanitaire (pénurie d’eau et choléra) ou sécuritaire, dans un contexte de forte pression migratoire.
Dans le 101e département français, le plus pauvre de tous, se dégage le sentiment largement répandu que « la situation est pire qu’avant ». Avec un système scolaire encore plus surchargé en raison des destructions de salles de classe et des cours en rotation ; un hôpital public débordé, en pénurie de médecins et avec des salles de soins qui prennent l’eau ; des prix démultipliés par rapport à l’Hexagone, des coupures d’eau quotidiennes ; des vagues régulières de violences. La reconstruction de l’archipel, chantier titanesque, semble avoir à peine démarré. La défiance à l’encontre des annonces du chef de l’Etat comme du gouvernement, déjà éprouvée, est grandissante.
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