Mardi 10 juin, en l’espace de quelques heures, Nogent, petite ville de Haute-Marne de 3 500 âmes, réputée sans histoire, s’est retrouvée prise dans un tourbillon médiatique. Le portail du collège Françoise Dolto, inhabituellement fermé en cette fin d’après-midi, est sous le feu d’une dizaine de caméras. Sur le trottoir, hors champ, une vingtaine de journalistes accostent les rares passants qui se risquent devant l’établissement.
Le matin même, Mélanie G., assistante d’éducation, a été poignardée par un élève de 3e lors d’un contrôle inopiné des sacs mené par les gendarmes à l’entrée du collège. La surveillante de 31 ans, qui avait rejoint l’établissement en septembre 2024, après une première carrière de coiffeuse, est morte dans les heures qui ont suivi. L’adolescent, âgé de 14 ans, a immédiatement été placé en garde à vue. Les autres élèves, d’abord confinés et mis au contact de psychologues appelés en urgence, ont pu quitter le collège en début d’après-midi, accompagnés de leurs parents.
Avant de revenir, pour certains, glisser, dans le grillage de l’enceinte de l’établissement, une fleur. Mathéo (tous les noms des personnes interrogées ont été anonymisés), élève en 6e, et son père, Kevin, sont de ceux qui ont tenu à faire ce geste. « Dommage qu’elle n’est plus là, c’est pas gentil ce qui lui a été fait » commente le garçon de 13 ans, avec ses mots. Mélanie G. l’aidait souvent pour ses devoirs. « Ici, normalement, c’est calme, explique Kevin. D’habitude, on voit ça [ce type de fait divers] à la télé, on ne pensait pas que ça arriverait ici, à Nogent. » Il reste une semaine et demie d’école. « Pas sûr qu’il y retourne, on fera selon ce qu’il voudra faire », poursuit le père.
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