Une petite ville unie pour rendre hommage à Mélanie : plus de mille personnes participent, vendredi 13 juin au soir, à Nogent (Haute-Marne), à une marche blanche pour la surveillante de collège tuée mardi par un élève de 14 ans, un meurtre qui a déclenché une vague d’émotion et de réactions politiques.
Dans ce bourg de 3 500 habitants, habituellement « très calme », selon la mairie, plus de 1 500 personnes, selon la gendarmerie, se sont ébranlées dans un silence absolu alors que les cloches sonnaient 18 heures, derrière deux banderoles tenues par des proches, souvent en larmes. « Mélanie, ton sourire, et ta joie de vivre resteront gravés », dit l’une d’elles.
La marche est partie du collège Françoise-Dolto, devant lequel s’est déroulé le drame et dont les grilles ont été recouvertes de fleurs par des habitants. Pour « symboliser la joie de vivre de Mélanie », les participants étaient invités à porter des vêtements colorés, selon un message diffusé par la mairie sur Facebook, qui appelait aussi à s’abstenir de toute marque d’appartenance ou revendication politique. Beaucoup arborent des tee-shirts blancs sur lesquels est imprimé le visage de la jeune femme de 31 ans, tout sourire.

« Cette marche est la nôtre » et elle est organisée « dans les conditions les plus proches de ce que Mélanie aurait voulu », avait écrit sur Facebook Océane Remongin, la belle-fille de la victime. « Elle était là au mauvais endroit au mauvais moment. Et en plus [le mis en cause] n’a pas de remords. Il va aller en prison et il va ressortir », lâche Priscilla, la trentaine, un bouquet de fleurs blanches à la main.
Ancienne coiffeuse reconvertie en assistante d’éducation, Mélanie travaillait au collège depuis septembre et laisse derrière elle un petit garçon de 4 ans. Une cérémonie d’obsèques est programmée mardi, dans la stricte intimité familiale, dans le village de Sarcey (Haute-Marne), où la surveillante était conseillère municipale. Le beau-fils de Mélanie a fait savoir que la famille ne souhaitait la présence d’aucun média. Une cagnotte en ligne lancée par ses proches a récolté plus de 20 000 euros vendredi après-midi.
Un adolescent « fasciné par la violence »
Le collégien de 14 ans interpellé pour les coups de couteau mortels, a été mis en examen jeudi soir à Dijon, notamment pour « meurtre sur une personne chargée d’une mission de service public », et placé en détention provisoire. Il encourt une peine de vingt ans de réclusion criminelle.
Il avait expliqué durant sa garde à vue qu’il voulait tuer une surveillante, « n’importe laquelle », avait rapporté mercredi le procureur de la République de Chaumont, Denis Devallois, dressant le portrait glaçant d’un adolescent « fasciné par la violence » et « en perte de repères », mais sans signe évoquant un possible trouble mental. L’avocat du mis en cause, Antoine Chateau, a cependant évoqué jeudi l’importance des expertises psychologiques et psychiatriques à venir.
Ce nouveau drame a secoué le monde politique et éducatif. La ministre de l’éducation nationale, Elisabeth Borne, a annoncé vendredi que chaque établissement devrait se doter d’ici à la fin de l’année d’un « protocole de repérage et de prise en charge des situations de souffrance psychologique chez les jeunes ». Elle a également appelé à « une forme de coupe-file pour assurer la prise en charge » des jeunes ainsi repérés.

Reconnaissant que 50 % des postes de médecins scolaires « sont vacants », elle s’est engagée à « renforcer les effectifs » pour les autres types de postes – infirmières et psychologues, notamment. Des manifestants ont dénoncé à cette occasion le « sous-financement » de l’éducation nationale.
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Interdiction de la vente de couteaux aux mineurs, « expérimentation » de portiques de sécurité, possibles restrictions de l’accès des jeunes aux réseaux sociaux : ministres et élus ont annoncé des mesures et lancé des pistes ces derniers jours tout en rappelant qu’il n’y a pas de « solution magique ».