De rares pourparlers sur le nucléaire iranien entre les Etats-Unis et l’Iran − deux pays sans relations diplomatiques depuis 1980 − se sont achevés à Oman, samedi 12 avril.
Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghtchi, et l’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, « ont échangé dans une atmosphère constructive basée sur le respect mutuel », a souligné le ministère des affaires étrangères iranien, précisant qu’un intermédiaire omanais avait mené les discussions. MM. Araghtchi et Witkoff ont toutefois échangé directement « quelques minutes », ajoute le communiqué, alors que l’Iran affirmait jusqu’ici que les pourparlers seraient « indirects ». Le texte précise que les deux diplomates sont « convenus de poursuivre les discussions la semaine prochaine », sans que le lieu ne soit précisé.
Ces pourparlers se sont déroulés dans « une atmosphère cordiale », a affirmé, de son côté, le ministre des affaires étrangères omanais, Badr Al-Boussaïdi. Il a ajouté « être fier » d’avoir servi de médiateur pour les échanges, « pour lancer un processus de dialogue et de négociation, dans le but commun de parvenir à un accord équitable et contraignant », entre les deux pays qui n’ont plus de relations diplomatiques depuis quarante-cinq ans.
Ces échanges entre le ministre des affaires étrangères iranien, Abbas Araghtchi, et l’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, « ont commencé grâce à la médiation du ministre des affaires étrangères omanais, Badr Al-Boussaïdi », avait écrit le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaeil Baghaei, sur le réseau social X, avant la rencontre tandis que les Etats-Unis présentent ces pourparlers comme « directs ».
« Il s’agit d’un début (…), nous ne nous attendons pas à ce que ce cycle de discussions soit très long », avait déclaré M. Baghaei à la télévision d’Etat, ajoutant que les deux parties échangeaient « leurs positions de principe » par le biais d’un intermédiaire omanais.
Il s’agit des discussions les plus importantes depuis le retrait américain en 2018, sous la présidence de Donald Trump, d’un accord conclu en 2015 entre l’Iran et les grandes puissances pour encadrer le programme nucléaire iranien en échange d’une levée des sanctions.
« Nous avons l’intention de parvenir à un accord équitable et honorable, sur la base de l’égalité », a déclaré Abbas Araghchi après son arrivée à Oman, pays voisin de l’Iran et médiateur historique entre la République islamique et les pays occidentaux, dans une vidéo diffusée par la télévision d’Etat iranienne. Affaibli par les revers infligés par Israël à ses alliés régionaux, le Hezbollah au Liban et le Hamas à Gaza, l’Iran cherche à obtenir la levée des sanctions qui étranglent son économie.
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Le président américain, Donald Trump, a adopté une politique de « pression maximale » à l’égard de l’Iran et imposé de nouvelles sanctions visant son programme nucléaire et son secteur pétrolier. Il a créé la surprise en annonçant lundi la tenue de ces discussions, après des semaines de guerre des mots entre les deux pays, qui n’ont plus de relations diplomatiques depuis quarante-cinq ans.
« Ligne rouge »
Les Etats-Unis cherchent à mettre fin au programme nucléaire de l’Iran, qu’ils accusent de vouloir se doter de l’arme nucléaire, ce que Téhéran a toujours démenti. Les deux parties sont déjà en désaccord sur le format des discussions : la Maison Blanche parle de négociations directes, quand l’Iran insiste pour passer par l’intermédiaire des Omanais.
Après son arrivée à Mascate, « M. Araghtchi a présenté au ministre [des affaires étrangères] omanais, [Badr Al-Boussaïdi], les principes et les positions de l’Iran concernant les pourparlers, en vue de leur transmission à l’autre partie », a indiqué le ministère des affaires étrangères iranien dans un communiqué. « De nombreuses questions fondamentales seront clarifiées lors de cette réunion, et, si les deux parties font preuve d’une volonté suffisante, nous déciderons également d’un calendrier, mais il est encore trop tôt pour en parler », a-t-il ajouté, selon l’agence IRNA.
Steve Witkoff, qui était en visite vendredi en Russie, a déclaré au Wall Street Journal que la « ligne rouge » pour Washington était « la militarisation de la capacité nucléaire » de l’Iran. « Notre position commence par le démantèlement de votre programme. C’est notre position aujourd’hui. Cela ne veut pas dire qu’à la marge nous n’allons pas trouver d’autres moyens pour tenter de parvenir à un compromis », a-t-il affirmé en parlant du message qu’il livrerait aux Iraniens.
Mercredi, le président américain, qui ne cesse de menacer d’attaquer l’Iran, a encore accentué la pression, en déclarant qu’une intervention militaire contre ce pays était « tout à fait » possible en cas d’absence d’accord.
« S’il faut recourir à la force, nous recourrons à la force. Israël sera bien évidemment très impliqué, il en sera le chef de file », a averti Donald Trump, un allié du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qui agite régulièrement le spectre d’une attaque contre le programme nucléaire iranien, perçu comme une menace contre son pays. « Je veux que l’Iran soit un pays merveilleux, grand et heureux. Mais il ne peut pas avoir d’arme nucléaire », a-t-il prévenu vendredi.
Affaibli par les sanctions qui étranglent son économie et les revers infligés par Israël à ses alliés régionaux, le Hezbollah au Liban et le Hamas à Gaza, l’Iran a intérêt à négocier, selon des experts. Téhéran « cherche un accord sérieux et équitable », a déclaré vendredi Ali Shamkhani, un conseiller du guide suprême iranien, Ali Khamenei.
Après le retrait de Washington de l’accord de 2015 et le rétablissement de sanctions américaines à son endroit, la République islamique d’Iran a pris ses distances avec le texte. Elle a accru son niveau d’enrichissement de l’uranium jusqu’à 60 %, très au-dessus de la limite de 3,67 % imposée par l’accord, se rapprochant du seuil de 90 % nécessaire à la fabrication d’une bombe atomique.
Les conflits à Gaza et au Liban ont attisé les tensions entre l’Iran et Israël, qui ont mené des attaques militaires réciproques pour la première fois après des années de guerre par procuration.