Dans un contexte économique et social difficile, plusieurs centaines de salariés d’entreprises des secteurs de la chimie, de l’automobile et de la grande distribution se sont rassemblés, à l’appel de la CGT, mercredi 22 janvier, devant le ministère de l’économie, à Paris, pour interpeller le gouvernement sur la « casse » de l’emploi industriel.
De toute la France, des cars affrétés par la centrale syndicale ont transporté des salariés du chimiste Arkema, qui a annoncé mardi la suppression de 154 postes en Isère, et de son fournisseur Vencorex, où plusieurs centaines de salariés sont également menacés. A leurs côtés, des employés d’Auchan, où près de 2 400 postes sont menacés, et de Michelin, qui compte fermer deux usines, à Vannes et à Cholet, dans lesquelles travaillent 1 254 personnes.
Des dizaines de drapeaux, une banderole « Stop à la casse industrielle, à la casse sociale, à la répression syndicale » : le parvis de la salle de spectacles de Bercy, voisine du ministère, s’est paré de rouge. « Arkema profite de la situation de Vencorex pour supprimer des emplois », a estimé Emmanuel Grandjean, coordinateur CGT Arkema, dont Vencorex est un fournisseur stratégique en sel. Il a évoqué un « enjeu de souveraineté industrielle » pour la France, l’usine Arkema de Jarrie (Isère) fournissant notamment RTE en fluides techniques pour ses transformateurs, ou Arianespace en carburant pour ses fusées.
Les salariés demandent « des comptes »
« On est à quarante jours d’une décision déterminante pour l’avenir de la chimie » en France, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP), Christophe Ferrari, président (DVG) de la métropole de Grenoble et maire de Pont-de-Claix, où se trouve l’usine Vencorex. Le tribunal de commerce de Lyon doit statuer au début de mars au sujet d’un projet de reprise par un concurrent chinois, prévoyant le maintien d’une cinquantaine de salariés sur 460.
« Si vous fermez la plateforme, vous la fermez définitivement », a expliqué l’élu, demandant au gouvernement une « nationalisation temporaire » de Vencorex, comme il l’avait fait en 2018 pour les chantiers navals de Saint-Nazaire. M. Ferrari, comme la CGT, estime à 200 millions d’euros sur dix ans le coût d’une telle nationalisation, contre plusieurs milliards d’euros pour une dépollution et un démantèlement du site.
« La colère est grande, on est viré comme des malpropres, ça fait vingt-cinq ans que je suis à Auchan », a pesté, pour sa part, Jean-Paul Barbier, élu syndical CGT et salarié du groupe de distribution à la Seyne-sur-Mer, près de Toulon (Var). Il appelle le gouvernement à « demander des comptes » à l’entreprise sur son utilisation des aides publiques, qui ont davantage « servi à enrichir les actionnaires » qu’à créer de l’emploi.
La CGT estime à « plus de 300 », le nombre de plans de licenciements en cours en France, « menaçant quelque 200 000 emplois » de suppression.