Cerith Wyn Evans est de ces artistes rares dont chaque apparition relève à la fois de l’énigme et de l’illumination. Un samouraï venu du Pays de Galles, qui enchante autant qu’il interroge. Son exposition au Centre Pompidou-Metz n’y déroge pas. Première en France depuis celle du Musée d’art moderne de Paris en 2006, elle se compose d’un vaste paysage de miroirs et de néons, de silences et de sons du cosmos, dans lesquels se perd le visiteur, envoûté et déboussolé. Dandy sous feutre gris portant magnifiquement la jupe-culotte, le plasticien de 66 ans prend un malin plaisir à ne pas en lever tous les mystères. « Je n’aime pas tellement proposer d’identifications narratives au visiteur, j’ai peur que cela le rende paresseux : chacun est libre de faire ses associations, pas besoin d’être sécurisé par une signification donnée. La poésie est pour moi essentielle, à chacun ici de construire du sens. »
Cette symphonie à la fois baroque et minimaliste, il l’a imaginée avant tout comme un jardin où errer, « un lieu où passer juste un beau moment, converser entre amis, sans forcément admirer les œuvres de près ». Dans l’immense et froid patio du musée, Cerith Wyn Evans a aligné à la japonaise quelques arbres, « des êtres à la fois très organiques et très manucurés », fait flotter un squelette de cristal à l’ombre double, suspendu des colonnes de lumière : « Un haïku pour aujourd’hui » qu’il aime contempler depuis l’ascenseur du musée, « avec son côté grand magasin qui fait son petit effet et dont raffolent les enfants. J’aime ce musée jusqu’en ses espaces les plus laids ! »
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