LETTRE DE SAN JUAN
Sur des affiches, des graffitis ou des autocollants, ces deux mots, « ¡Fuera Luma! » (« Luma, dehors ! », en espagnol), apparaissent à presque tous les coins de rue à San Juan, la capitale de Porto Rico, et dans bien d’autres villes de cette île hispanophone des Grandes Antilles. Ce slogan et ses nombreuses variantes, souvent moins polies, disent la colère qu’éprouvent la grande majorité des 3,2 millions d’îliens envers Luma Energy, l’opérateur privé qui gère, depuis juin 2021, le réseau électrique sur ce territoire sous souveraineté américaine.
En raison des innombrables coupures de courant qui empoisonnent leur quotidien depuis plusieurs années, conséquence de décennies de sous-investissements dans l’entretien du réseau – alimenté par quatre centrales thermiques – et des dégâts considérables causés par l’ouragan Maria, en 2017, les Portoricains sont à bout.
« C’est une tragédie, ce qui se passe à Porto Rico. Un vrai désastre », maugrée Juan Fernandez Garcia. Ce pharmacien de 67 ans est vice-président de l’Association des commerçants du Vieux San Juan. L’organisation, qui revendique près de 200 membres parmi les gérants d’entreprise du centre historique de la capitale, a « recensé au moins 35 coupures de courant » entre le 1er novembre 2024 et le 12 janvier 2025 dans le district central. Une situation aggravée, selon le pharmacien, par « des installations électriques [qui] ont 150 ans et sont obsolètes ».
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