Cinq frères et sœurs, tous placés. Les quatre premiers l’avaient été simultanément en 2020, à l’époque où leur mère était enceinte du cinquième, lequel n’avait pas tardé à être envoyé en famille d’accueil à son tour. Rien n’allait : logement insalubre, hygiène déplorable, les enfants arrivaient à l’école sales et puants. Un paquet de gâteaux comme repas, parce que les parents préféraient jouer à la console que cuisiner. Un verre d’eau dans le visage en guise de réveil. Des coups. Des soupçons d’attouchements sexuels.
Les voilà qui se succèdent dans le bureau d’Etienne Kubica, en ce vendredi de la mi-mars, tous sauf Walid (tous les prénoms des mineurs ont été changés), le petit dernier, 4 ans, trop jeune pour voir un juge des enfants. Le magistrat, 36 ans, reçoit tour à tour Myriam, Karim, Louis et Maya, âgés de 15 ans à 9 ans. Il prend de leurs nouvelles d’une voix apaisante, demande comment va la vie en famille d’accueil ou en foyer, où en est la relation avec leurs parents, comment ils envisagent la suite.
Aucun ne souhaite rentrer à la maison, tous veulent maintenir un lien avec leurs parents. L’éducatrice chargée du suivi du benjamin explique que tout va « très bien » dans sa famille d’accueil comme à l’école, mais Walid commence à se poser des questions : « Il se demande dans le ventre de qui il a grandi. » Voilà plus de trois ans qu’il n’a plus vu ses parents.
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