LETTRE DE SAO PAULO
« Chez nous, ce n’est pas la cerise sur le gâteau… mais sous le gâteau ! » Benjamin Seroussi, 44 ans, vibrionnant directeur français de la Casa do povo (« Maison du peuple »), ne manque pas de bons mots lorsqu’il s’agit d’évoquer le trésor abrité dans les sous-sols de son institution culturelle, plantée en plein cœur de Sao Paulo. Passé l’entrée industrialo-moderniste de l’édifice, une porte métallique suivie d’une flopée de marches descendent jusqu’à ce saint des saints, prénommé « TAIB » : le Théâtre d’art israélite brésilien.
Plancher humide, canalisations rouillées, murs vert absinthe décrépis et fauteuils rouge bordeaux usés… Les lieux ont perdu en superbe ce qu’ils ont gagné en mystérieux, avec des airs de décors de réalisateurs tels Jim Jarmusch ou Leos Carax. Inauguré en 1960, le TAIB fut dans ses beaux jours l’un des très hauts lieux de la culture paulistano, bastion du théâtre yiddish et contestataire. Il est à l’abandon depuis plus de vingt ans…
Mais les choses pourraient très bientôt changer. La Casa do povo a récemment lancé une grande campagne de financement pour rouvrir son beau théâtre. « Il s’agit de récupérer l’histoire d’une institution, d’une communauté, d’un quartier et d’une ville. Le déclin d’un espace culturel est un lent processus d’oubli. Sa réappropriation marque un moment de redécouverte », s’enthousiasme M. Seroussi.
Il vous reste 78.96% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.