Au cœur de l’usine Stellantis de Sept-Fons, à Dompierre-sur-Besbre (Allier), se trouve le cubilot, un impressionnant four vertical d’où se déverse en continu une coulée aveuglante de métal en fusion. Autour de la machine, la chaleur est difficilement supportable. Le bruit assourdissant oblige François Penela et ses collègues à hausser la voix pour s’entendre. Depuis 1995, cet ouvrier de 49 ans est passé au poste de responsable d’unité, puis de technicien réfractaire, qui s’occupe de l’entretien et de la réparation des fours.
Son père, Antonio, et son oncle par alliance, Joaquim Lelo, ont également fait toute leur carrière dans cette fonderie spécialisée dans la fabrication de pièces automobiles. Lundi 19 mai, les deux aïeuls ont renfilé casques et vestes ignifugées pour pouvoir déambuler dans l’usine. Ils connaissent chaque recoin de ce site où ils ont travaillé une trentaine d’années. Ils relèvent spontanément les changements qui ont été apportés aux différents ateliers : ici, de lourdes pièces sont désormais acheminées sur un tapis roulant ; là, les ouvriers portent des visières de protection ou des cagoules ventilées. Eux avaient moins d’équipements de protection et lorsqu’on a trouvé à Joaquim « de la poussière dans les poumons », il avait dû changer d’atelier.
Ils n’avaient pas non plus de bouchons d’oreille – aujourd’hui généralisés – et sont « sourds maintenant », confie Antonio, qui a pris sa retraite de façon anticipée à cause de douleurs chroniques aux genoux. Bien qu’il écarte très vite le sujet, François, lui, n’a pas échappé à des opérations de l’épaule et à une hernie discale. Qu’il s’agisse de santé, de conditions économiques ou de rythme de travail, ces hommes se plaignent peu et évoquent plutôt la difficulté de leur métier avec fierté.
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