« Je conseille de photographier de très près, à la distance d’un coup de poing ou d’une caresse », disait la photographe Letizia Battaglia (1935-2022). De fait, ses images documentaires en noir et blanc, exposées dans une rétrospective par le Jeu de paume au château de Tours, oscillent entre la violence et la tendresse, toujours cadrées au plus serré : de l’atrocité des meurtres en rafale commis par la mafia à Palerme dans les années 1970 et 1980, jusqu’à la dignité et la vitalité des habitants de son île natale.
On attendait la rétrospective consacrée à cette photographe italienne autodidacte, morte en 2022, qui s’est évertuée, malgré la peur et les menaces, à illustrer pendant deux décennies l’emprise et la sauvagerie de la mafia. Malheureusement, l’exposition fleuve noie les images magistrales parmi d’autres d’intérêt moindre. Les inédits de ses débuts, publiés dans des magazines mélangeant des enquêtes et des photos de nus, semblent sortis d’un mauvais film érotique. Des images fortes manquent, comme celle d’une famille exterminée chez elle. Surtout, la majorité des photos sont des tirages numériques posthumes, peu contrastés ni détaillés, alors qu’on a pu voir à la foire Paris Photo de petits tirages argentiques d’époque superbes.
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