Le premier ministre, François Bayrou, a salué, jeudi 10 juillet, à Vichy (Allier) « l’honneur » des 80 parlementaires qui ont refusé de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain il y a quatre-vingt-cinq ans, le 10 juillet 1940.
« N’oublions pas qu’il est des moments où l’attachement aux convictions qui nous font vivre se résume en un mot tout simple qui est l’honneur », a déclaré le premier ministre en présence de descendants ou de représentants des 80 parlementaires, ainsi que des 27 parlementaires qui avaient peu avant rejoint l’Afrique du Nord à bord du paquebot Massilia.
Le 10 juillet 1940, l’Assemblée nationale qui réunissait à l’époque le Sénat et la Chambre des députés tient une séance exceptionnelle dans le casino de Vichy. Elle vote alors la loi constitutionnelle qui conduira à attribuer les pleins pouvoirs au maréchal Pétain : 569 parlementaires votent pour, 20 s’abstiennent et 80 votent contre.
« Le début de la Résistance »
« Ainsi en quelques heures meurt la République, non seulement en tant qu’ensemble institutionnel mais en tant qu’ensemble de valeurs : démocratie, Etat de droit, liberté, égalité, fraternité, laïcité », a souligné le premier ministre, évoquant « l’effondrement de la France sur elle-même ». « Ces 80 hommes ici à Vichy, ces 27 hommes à bord du Massilia, dès le premier moment, ont dit non à Pétain et à Laval et leur ont dit à la face de notre peuple “Nous ne vous faisons pas confiance” », a-t-il poursuivi.
« Ils étaient bien peu nombreux » et « beaucoup seront traqués » a rappelé le premier ministre, accompagné du député centriste du groupe LIOT, Charles de Courson, petit-fils de l’un de ces parlementaires. Les descendants de Jean Zay, Pierre Mendès-France ou Léon Blum étaient également présents.
Interrogé à l’issue de la cérémonie par la presse, M. Bayrou a soutenu l’« idée que même quand tout a l’air de s’effondrer, c’est le moment de relever la promesse, de relever la tête, de relever le défi ». « C’est très précieux pour moi, parce que ce qui est honoré dans cette salle, c’est le début de la Résistance. Il y en avait partout des femmes et des hommes, des jeunes gens et des hommes affirmés, qui sentaient que ce n’était pas possible d’abandonner, ce n’était pas possible de plier », a-t-il ajouté. « Alors que tout le monde cédait, ils ont été 80, et 27 sur le Massilia, à dire qu’ils ne plieraient pas. Et ce non-là est un non fondateur », a-t-il conclu.