Les bottes dans la boue, Dominique Rougeau a le regard rivé vers ses champs de pivoines coupés en deux par le tracé de l’A69. « Si l’autoroute ne se fait pas, il faudrait une dizaine d’années avant de pouvoir planter à nouveau des fleurs car la terre a été mélangée à de la chaux », estime cet agriculteur horticulteur de 69 ans, qui avait cédé neuf hectares de son exploitation pour la liaison de cinquante-trois kilomètres entre Castres (Tarn) et Toulouse. Un chantier aujourd’hui à l’arrêt.
Depuis le 3 mars, quatre jours après l’annulation de l’autorisation environnementale du projet par le tribunal administratif de Toulouse, une cinquantaine d’ouvriers et une trentaine d’engins se sont retirés du domaine de Bazialgues, à Verfeil (Haute-Garonne), laissant derrière eux une large bande de terre retournée, creusée par endroits jusqu’à huit mètres de profondeur, et des petits tas de pouzzolane – une roche naturelle volcanique – posés de part et d’autre d’un ouvrage d’art inachevé.
Si le silence s’est installé sur ce lieu, comme sur l’ensemble du tracé de cette infrastructure devenue le symbole des luttes environnementales, l’affrontement entre les opposants et les partisans est encore vif. La confrontation a pour conséquence des tiraillements de plus en plus forts entre, d’un côté, les pouvoirs exécutif et législatif et, de l’autre, le pouvoir judiciaire.
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