Le Mercosur (Mercado Comun del Cono Sur, Marché commun du Sud) et l’Union européenne (UE) ont conclu « les négociations en vue d’un accord » de libre-échange, a annoncé vendredi 6 décembre à Montevideo la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
« Nous avons conclu les négociations pour l’accord UE-Mercosur. C’est le début d’une nouvelle histoire. Je me réjouis maintenant d’en discuter avec les pays européens », a déclaré Mme von der Leyen sur X, lors d’une conférence de presse conjointe avec les présidents de l’Argentine, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay pour annoncer cet accord conclu après vingt-cinq ans de discussions. « C’est un accord qui bénéficiera aux deux » parties et « apportera des bénéfices significatifs aux consommateurs et aux entreprises », a-t-elle dit. « Nous écoutons les préoccupations de nos agriculteurs et nous agissons en conséquence. Cet accord inclut des garanties solides pour protéger nos moyens de subsistance », a-t-elle ajouté.
« Cela n’engage [que la Commission] »
« La Commission a achevé son travail de négociation avec le Mercosur, c’est sa responsabilité, mais l’accord n’est ni signé ni ratifié. Ce n’est donc pas la fin de l’histoire. Il n’y a aucune entrée en vigueur de l’accord avec le Mercosur », a réagi l’Elysée lors d’un échange avec des journalistes, soulignant que le traité « reste inacceptable en l’état ».
« Ce qu’il se passe à Montevideo n’est pas une signature de l’accord mais simplement la conclusion politique de la négociation. Celle-ci n’engage que la Commission, pas les Etats membres », avait affirmé plus tôt la ministre déléguée au commerce extérieur démissionnaire de la France, Sophie Primas, dans une déclaration transmise à l’Agence France-Presse.
L’alliance syndicale agricole majoritaire française FNSEA-Jeunes Agriculteurs (JA) a estimé dans un communiqué que la présidente de la Commission européenne avait « trahi les agriculteurs européens ». « Cette validation est non seulement une provocation pour les agriculteurs européens qui appliquent les standards de production les plus élevés au monde, mais aussi un déni de démocratie alors que la quasi-unanimité de nos parlementaires français [s’est exprimée] contre cet accord », selon les organisations.
L’accord envoie un « message catastrophique aux millions d’agriculteurs européens », a pour sa part réagi l’organisation européenne des syndicats agricoles majoritaires, le COPA-Cogeca, qui dénonce un traité de libre-échange qui « exacerbera les pressions économiques auxquelles sont soumises de nombreuses exploitations ».
Des négociations tendues
Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a quant à lui salué cet accord, qui apportera « plus de croissance et de compétitivité ». « Plus de 700 millions de personnes pourront bénéficier d’un marché libre, de plus de croissance et de compétitivité », a-t-il écrit sur X.
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Depuis l’été, les discussions entre la Commission, qui négocie au nom des Vingt-Sept, et le Mercosur se sont accélérées. En décembre 2023, Ursula von der Leyen pensait qu’un accord était à portée de main, mais elle avait dû renoncer in extremis. Emmanuel Macron – dont elle avait encore besoin pour être reconduite à la tête de la Commission, après les élections européennes du 9 juin – lui avait une nouvelle fois dit son opposition catégorique, tandis que, à Buenos Aires, le président argentin sortant avait préféré laisser la main à son successeur, Javier Milei, tout juste élu mais pas encore en poste.
Cela fait vingt-cinq ans que la Commission et le Mercosur négocient. En 2019, un accord avait certes été trouvé entre les deux parties, mais la France, déjà, avait pris la tête de la rébellion et convaincu plusieurs Etats membres, dont l’Allemagne. L’exécutif communautaire, en effet, n’a pas le pouvoir de ratification. Celui-ci est aux mains des Etats membres et du Parlement européen qui, seuls, peuvent graver un traité commercial dans le marbre.