Attirer des chercheurs travaillant actuellement aux Etats-Unis vers la France et l’Europe est une initiative aussi pertinente qu’opportune. Le gouvernement français, par l’intermédiaire d’Elisabeth Borne, ministre d’Etat, ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, et de Philippe Baptiste, ministre auprès de la ministre d’Etat, chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche, semble avoir pris la mesure des attaques auxquelles la communauté scientifique américaine fait face. Sous l’administration de Donald Trump, de nombreuses coupes budgétaires ont fragilisé la recherche outre-Atlantique, privant des milliers de scientifiques de financements, voire d’emplois. A cela s’ajoute un contrôle renforcé des thématiques de recherche, rendant difficile l’étude de sujets aussi essentiels que le climat, les inégalités, ou la transition énergétique.
Or, en affaiblissant leur recherche, les Etats-Unis fragilisent non seulement leur propre système scientifique, mais aussi la science mondiale. Avec 1,5 million de chercheurs et le deuxième rang en nombre de publications scientifiques, le pays joue un rôle-clé dans l’avancée des connaissances.
Dans ce contexte, la France et d’autres pays européens souhaitent se positionner comme des terres d’accueil pour ces scientifiques en difficulté. L’objectif est double : d’une part, leur offrir un refuge en leur garantissant des libertés académiques préservées ; d’autre part, capter des talents hautement qualifiés qui renforceraient notre compétitivité et notre souveraineté scientifique.
Salaires français peu attractifs
Mais si l’intention est louable, sa concrétisation semble irréaliste, et cela pour au moins deux raisons. La première : un manque criant d’investissements dans la recherche. Loin de se limiter à un enjeu administratif, l’accueil de chercheurs étrangers repose avant tout sur des moyens financiers. Et, sur ce point, la France peine à rivaliser. Elle ne consacrait à la recherche et développement que 2,22 % de son PIB [produit intérieur brut] en 2021 contre 3,46 % aux Etats-Unis. De surcroît, si des chercheurs américains souhaitent s’installer en Europe, ils auront bien plus intérêt à se tourner, entre autres, vers l’Allemagne, la Belgique, la Suède ou la Suisse, où les investissements dépassent 3,1 % du PIB.
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