Morceau de bravoure très prisé des réalisateurs de série, le plan-séquence a cela d’intéressant qu’il efface non seulement le montage, mais aussi le champ-contrechamp. En adoptant cette forme pour filmer quatre moments d’un séisme familial, la série Adolescence sur Netflix prévient ses téléspectateurs : il ne sera pas ici question d’équilibre, encore moins d’objectivité, ni d’établir aucune vérité, si ce n’est celle du moment, du lieu et des personnages. Parfaitement maîtrisé par Philip Barantini, qui en est un des spécialistes depuis The Chef (2022), le plan-séquence est ici moins utilisé comme artifice de mise en scène que comme un outil favorisant une immersion totale, et intense, du téléspectateur.
Adolescence débute comme un de ces polars à l’anglaise qui occupent le dimanche soir. Deux agents de police patientent dans leur voiture de service, stationnée dans une rue calme d’une banlieue non identifiée. La trivialité de leurs échanges contraste avec la gravité des événements qui vont suivre et s’enchaîner à la faveur d’une arrestation spectaculaire. Ce sont en fait plusieurs fourgons qui préparent l’entrée, au bélier, des policiers dans la maison des Miller pour y saisir Jamie, 13 ans, sous les yeux effarés de ses parents et de sa grande sœur. L’enfant, visage poupin et pantalon trempé d’urine, est soupçonné d’avoir poignardé à mort une de ses camarades d’école, la veille au soir.
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