Lorsque les responsables au ministère de l’éducation nationale des années 1990 fouillent leur mémoire au sujet de Notre-Dame de Bétharram, ils n’en exhument que deux mots : « rien », « jamais ». Anciens recteurs, membres de cabinets ministériels, inspecteurs généraux, directeurs de l’administration centrale, aucun n’a souvenir d’avoir entendu le nom de cet établissement privé catholique des Pyrénées-Atlantiques, aujourd’hui au cœur d’une enquête tentaculaire pour des faits de viols, d’agressions sexuelles et de violences ayant fait au moins 150 victimes entre 1955 et 2004. Un surveillant laïque, en poste jusqu’en 2024, a été mis en examen le 21 février pour « viol par personne ayant autorité » entre 1991 et 1994 et « agression sexuelle sur mineur de 15 ans » en 2004.
Au regard de la gravité des faits, du lieu qui en a été le théâtre – un établissement sous contrat financé par l’Etat et théoriquement soumis à son contrôle – et des signalements dont a été saisie la justice dans les années 1990, la question se pose avec acuité : comment l’éducation nationale a-t-elle pu, pendant trente ans, passer à côté ?
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